La décision unilatérale prise le 6 décembre par le président Donald Trump a provoqué des manifestations quasi quotidiennes dans les Territoires palestiniens, y compris à Bethléem, en Cisjordanie occupée, où les fidèles devaient participer à la messe de minuit dans l'église de la Nativité.
L'annonce de M. Trump "a créé des tensions autour de Jérusalem et détourné l'attention de Noël", a regretté l'archevêque Pierbattista Pizzaballa, un des plus hauts dignitaires catholiques romains du Proche-Orient.
Les visiteurs étrangers, habituellement nombreux à Noël lorsque la situation sécuritaire le permet, étaient rares ces derniers jours à Bethléem. Depuis le 6 décembre, des dizaines de groupes ont annulé leur voyage, a indiqué Mgr Pizzaballa. Un porte-parole de la police israélienne a indiqué que des unités supplémentaires seraient déployées à Jérusalem et aux points de passage.
Pour les Palestiniens, chrétiens comme musulmans, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël ne préjuge pas seulement du résultat de négociations dont le statut de la ville devrait faire l'objet. Elle nie l'identité arabe de Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, et mine leur aspiration à établir un jour la capitale de leur futur État dans la partie orientale de la ville.
Vendredi, le président palestinien Mahmoud Abbas a de nouveau exprimé son mécontentement en prévenant qu'il n'accepterait "aucun plan" de paix proposé par les États-Unis, qui "se sont disqualifiés eux-mêmes" selon lui.
Dans la Syrie voisine ou en Irak, deux pays où le groupe jihadiste État islamique (EI) a été chassé en 2017 de la très grande majorité des territoires conquis il y a trois ans, des minorités chrétiennes renouent en revanche cette année avec les célébrations de Noël. C'est le cas notamment à Mossoul, deuxième ville d'Irak reprise en juillet par les forces irakiennes avec l'aide de la coalition internationale emmenée par Washington.
La prise par les jihadistes de Mossoul à l'été 2014 avait vu la fuite de nombreux chrétiens. Même si une petite partie seulement est revenue, une messe doit être célébrée en l'église Saint-Paul, dans l'est de la cité, en présence de nombreux dignitaires chrétiens, mais aussi de responsables irakiens.
En Syrie, dans l'autre ex-bastion de l'EI, Raqa, repris en octobre par une coalition de forces kurdes et arabes, il faudra encore attendre avant de retrouver l'esprit de Noël: même si deux églises historiques ont été déminées, les habitants ne sont pas encore revenus. A Homs (centre), en revanche, la communauté chrétienne célèbrera Noël pour la première fois depuis la reprise totale de la ville par le régime de Bachar al-Assad et la fin des combats, avec des récitals, procession, spectacles pour enfants et décorations parmi les ruines.
Dans la capitale syrienne Damas, les rues des quartiers à majorité chrétienne, comme Bab Touma, sont aussi ornées à l'occasion des fêtes. Des magasins ont installé des sapins miniatures décorés avec des paillettes dorées ou argentées.
La situation des chrétiens d'Orient demeure toutefois précaire, comme en Égypte, où les Coptes sont régulièrement victimes d'agressions d'extrémistes.
Vendredi, une église du sud du Caire a été attaquée par une foule appelant à la "démolition" du bâtiment, selon l'archevêché d'Atfih. Des centaines d'assaillants ont pénétré dans l'église pour détruire le mobilier et agresser les fidèles avant l'intervention des forces de sécurité, a-t-il ajouté.
Les Coptes, qui célèbrent Noël le 6 janvier, ont été visés par de nombreux attentats ces derniers mois, la plupart revendiqués par l'EI.
En Europe, où la menace jihadiste demeure, près de 100.000 effectifs de sécurité seront mobilisés dimanche et lundi en France pour assurer la sécurité des fêtes de Noël, notamment celle de lieux touristiques et de lieux de culte chrétiens, selon une source officielle.
Dimanche soir, le pape François, chef spirituel de 1,2 milliard de catholiques, doit célébrer à Rome la messe de Noël à 20H30 GMT, avant la traditionnelle bénédiction "Urbi et orbi" lundi.