Elle est belle, ambitieuse, et envoie paître les préjugés. A seulement 23 ans, Niloofar Rahmani devient la première femme pilote en Afghanistan depuis la chute des Talibans (2001). Celle qu’on surnomme la «Top Gun afghane» est la seule femme sur la base aérienne des forces afghanes à Kaboul. Dans un milieu bourré de testostérones et un pays qui n’encourage pas la réussite de la femme, vivre semble être un combat de tous les jours pour la jeune femme qui doit vaincre moult difficultés :«Beaucoup de filles en Afghanistan ont des rêves mais se heurtent à de nombreux obstacles et de menaces».
Et les menaces de mort, Niloofar Rahmani en reçoit quotidiennement. Des Talibans ou des membres lointains de sa famille crient au déshonneur. En 2013, elle a été «obligée» de quitter son pays pendant deux mois, lorsqu’elle avait le danger la guetter. Mais rien ne semble arrêter la jeune femme: «Ils ont menacé de me faire du mal, ainsi qu'à ma famille. Ma seule réaction a été de les ignorer».
Derrière ses lunettes d’aviateur, on devine un regard décidé. Contre vents et marées, Niloofar Rahmani tient à réaliser son rêve de petite fille:«Depuis mon enfance, quand je voyais un oiseau dans le ciel, je voulais piloter un avion». Mais ce rêve a également un prix:«Marcher dans la rue, faire mes courses, ce n'est plus possible. J'ai perdu ma liberté».
Niloofar Rahmani a toujours rêvé de devenir pilote. En 2010, elle s'est inscrite à l'Afghan Air Force et est devenue, deux ans plus tard, second lieutenant. En Afghanistan, les femmes ne sont pas autorisées à s'occuper des morts ni des blessés, encore moins de les convoyer. Lors d’une mission, elle a décidé d’enfreindre les règles. Curieusement, ses supérieurs ne l'ont pas sanctionnée.
Capitaine Rahmani est plus que jamais résolue à poursuivre son rêve, souhaite piloter un C-130, et devenir, ainsi, un modèle d’inspiration pour la gent féminine, dans un pays qui a jadis connu des femmes pilotes d’hélicoptères pendant la période communiste. Le 28 avril 2015, elle a gagné le «International woman of courage award» (Prix international des femmes de courage), décerné par le Département d’Etat américain. Ainsi, «voler de ses propres ailes » est possible dans une société qui n’est pas prête à l’accepter!