L'armée nigérianne a annoncé, ce jeudi 30 avril, la libération de 160 femmes et enfants. Mardi, un autre groupe de 300 captives avait été délivré. Les otages étaient retenus dans "des conditions très sévères et inhumaines", selon le porte-parole qui a décrit la forêt de Sambisa comme le "dernier bastion" des insurgés dans le nord-est du pays.
Selon les témoignages recueillis par l’Organisation de défense des Droits de l'Homme, Amnesty International, les filles et femmes enlevées sont soumises notamment au travail forcé et à l'esclavage sexuel. Certaines ont même été forcées à combattre en première ligne avec les insurgés. Selon une source militaire nigériane, les femmes libérées cette semaine servaient aussi de "boucliers humains" contre les opérations militaires.
L'armée a publié une série de photos censées montrer certaines des femmes et des enfants libérés. D'aucuns espèrent que parmi ces ex-otages se trouvent certaines des 219 lycéennes, dont le rapt à Chibok (nord-est) le 14 avril 2014 avait suscité l'indignation internationale. Des informations contradictoires à ce sujet avaient circulé mercredi: le porte-parole de l'armée de terre, Sani Usman, avait affirmé qu'aucune des jeunes filles de Chibok ne faisait partie des otages libérées. Mais le porte-parole des armées, Chris Olukolade, a assuré qu'il était trop tôt pour se prononcer. Des efforts ont été entrepris pour vérifier les identités des ex-captifs, qui vont d'abord être mis en sécurité, a-t-il insisté.
L'armée nigériane a "nettoyé plusieurs camps d'entraînement terroristes" durant les opérations militaires de cette semaine et saisi des équipements et des véhicules. Les opérations militaires dans la forêt de Sambisa - un ancien parc national de l'ère coloniale - s'inscrivent dans le cadre d'une offensive régionale lancée en février contre Boko Haram, à laquelle participent aussi le Niger, le Tchad et le Cameroun voisins.
En dépit de revers militaires, le groupe a récemment rappelé à quel point il demeurait dangereux. La semaine dernière, plusieurs centaines de corps ont été retrouvés dans la ville de Damasak près du lac Tchad. Et samedi, des éléments de Boko Haram ont tué 46 soldats nigériens et 28 civils dans l'attaque d'une position de l'armée du Niger sur le même lac.
Au total, l'insurrection islamiste et sa répression par les forces de l'ordre ont fait plus de 15.000 morts au Nigéria depuis 2009, et plus de 1,5 million de personnes ont été obligées de fuir leur foyer, selon les Nations Unies. Le président élu du Nigéria, Muhammadu Buhari, qui prendra ses fonctions le 29 mai, a promis de vaincre Boko Haram.