On imagine bien l'embarras dans lequel se sont fourrés les théruféraires de la "longévité" du président Abdelaziz Bouteflika. En moins d'un mois, trois activités inscrites dans l'agenda du locataire du palais El Mouradia, troqué depuis quelque temps contre sa résidence médicalisée à Zéralda, région d'Alger, ont été annulées, quoique annoncées officiellement.
Est-il besoin de rappeler que la chancelière allemande, Angela Merkel, a dû renoncer in extremis, à son déplacement le 20 février à Alger, pour "indisponibilité temporaire". "Bronchite aigüe", avait alors toussoté l'agence de presse officielle APS.
Deux semaines plus tard, précisément le 7 mars, revoilà une déprogrammation de la visite du président iranien Hassan Rohani, celle-là "noyée" sous un flot de phrasés ampoulés, bidouillés vraisemblablement par le cabinet de la présidence et servis par la même "APS". Motif invoqué? Le "report" de cette visite, annoncée initialement pour le 12 mars, aurait été décidé "à la demande de la partie iranienne"! «La visite du président iranien Hassan Rohani en Algérie a été reportée à la demande de la partie iranienne, pour des motifs purement iraniens», a indiqué à la presse Ramtane Lamamra en marge d'une cérémonie organisée à Alger, à l’occasion de la Journée mondiale de la femme.
Chercher la femme! Point d'image traditionnelle d'un Bouteflika entourée d'Algériennes rayonnantes, ce 8 mars! Point de réception non plus en l'honneur de nos consoeurs algériennes, comme Bouteflika avait coutume d'en offrir!
Mais passons, l'heure est grave. L'audience que le président "invisible" devait accorder mercredi 9 mars à Alger au ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis, n'a pas eu lieu. Encore une annulation pour laquelle les médias officiels algériens, notamment une "APS" passée champion de la "longévité de l'intox", peineront à trouver un nouvel alibi, après la "bronchite aigüe" et l'"impréparation" de la partie iranienne!
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Ce black-out officiel digne de la tristement célèbre époque du KGB soviétique n'est évidemment pas pour "rassurer" l'opnion publique algérienne et à travers elle, l'opinon publique internationale sur l'état de santé du président Bouteflika, qui a complètement disparu des écrans radar.
Au contraire, il ne fait que nourrir davantage les spéculations sur le "sort" du chef de l'Etat algérien, qui ne s'est pas adressé au peuple algérien depuis sa reconduction controversée, début avril 2014, pour un quatrième mandat à la tête de l'Etat algérien. Les images filmées du président prêtant à peine serment sur sa chaise roulante, le regard perdu, les bras ballants, ont fait le tour du monde, à la faveur d'une inquiétude qui ne fait qu'enfler de jour en jour.
Seulement voilà, ce n'est pas de cet oeil que cela semble être vu du côté d'Alger. Et ce n'est surtout pas cette déclaration lénifiante faite par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, jeudi 9 mars à Tunis, qui va dire le contraire. Interrogé par un journaliste sur l'état de santé du président algérien, Sellal a répliqué: "Il vous passe le bonjour et il va très bien"!
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Vous avez bien lu: "Très bien"! Plus le mensonge est gros, plus il passe. Et ce n'est surtout pas Jamel Ould Abbas, chef du FLN (au pouvoir depuis 1962), qui penserait le contraire. Entre deux meetings électoraux (législatives de mai 2017), il a lâché sans sourciller: "le président Abdelaziz Bouteflika se porte mieux. Il pourrait même reprendre l'usage de ses jambles dans les tous prochains jours"!
Pourquoi alors le cacher? Qu'est-ce qui justifierait cette "pluie" d'annulations de ses activités officielles? Qu'en est-il aussi de cette guerre de succession que se livrent son clan mené par Saïd Bouteflika et celui de Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée algérienne? Que répondre à ce déluge de rapports des services occidentaux prêtant au général l'intention de préparer un "coup d'Etat blanc" pour s'emparer du pouvoir, de la même manière que l'a fait, en 2014, l'ancien maréchal égyptien Abdelfettah el-Sissi?
D'où vient cette "vérité" à Ould Abbas, imposé en 2016 à la tête du FLN par le clan Bouteflika, en remplacement d'Ammar Saâdani, débarqué pour ses accointances avec le général Gaïd Salah, qui joue des coudes avec le clan présidentiel pour conquérir la citadelle d'El Mouradia, emblématique du règne des Bouteflika?
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Voyez-vous, autant de questions que les apparatchiks ossifiés tapis au Club des Pins, à Alger, continuent d'esquiver, aux dépens du peuple algérien frère, de tout pays voisin du chaudron en face, voire en Europe où l'on continue de retenir son souffle car, à Dieu ne plaise, une implosion en Algérie aura des conséquences désastreuses non seulement sur le Maghreb, la région sahélo-saharienne, ou encore le pourtour méditerranéen, le monde entier en ressentira les effets. Est-ce un hasard si de plus en plus d'observateurs mettent en garde contre la reproduction du scénario syrien en Algérie?
Reste que cette mise en garde n'est pas prise au sérieux par les officiels algériens. Une attitude qui corrobore les appréhensions internationales quant à l'éventualité d'une déflagration en Algérie. L'omerta imposée sur la santé du "président invisible" n'est évidemment pas pour apaiser ces appréhensions internationales, pas plus que celles du peuple algérien qui ne sait plus à quel saint se vouer.