Média français: pourquoi l'Algérie est "le cauchemar de Macron"

DR

Une déstabilisation de l'Algérie après le décès du président Bouteflika ou une révolte sont sources de tracas pour l'Elysée et les services français de sécurité. L’Algérie est l'un des principaux fournisseurs d'énergie de la France, souligne l'hebdomadaire français L’Obs.

Le 25/02/2019 à 15h14

Qu’est-ce qui donne des insomnies au locataire de l'Elysée et à ses services secrets?

Vous avez tout faux si vous pensez aux gilets jaunes, ou à la rude concurrence allemande ou chinoise.

La hantise d’Emmanuel Macron, la première de toutes, est bien l’Algérie, et c’est un journal aussi sérieux que L'Obs qui le révèle.

«C'était début février. Nous demandions à un haut responsable français ce qui inquiétait le plus Emmanuel Macron. Une nouvelle crise financière? Une cyberattaque massive des Russes? Des frappes américaines sur l’Iran?», écrit l’hebdomadaire français.

«"Vous n'y êtes pas", a répondu ce personnage central de la macronie: "Le cauchemar du président de la République, c'est l'Algérie"».

«C'était aussi celui de ses prédécesseurs», rapporte le magazine dans un article publié sur son site Internet sous le titre: «L'Algérie, le cauchemar de Macron».

«Les plus hautes autorités de l'Etat sont terrifiées par la perspective d'une grave déstabilisation de notre ancienne colonie après la mort de Bouteflika [président depuis 1999]», confie ce haut responsable à «L'Obs», qui précise que cette confidence date de plusieurs jours avant les manifestations de la jeunesse algérienne contre un cinquième mandat du président «grabataire».

«On imagine donc aisément qu'aujourd'hui l'Algérie est plus que jamais le sujet numéro un des préoccupations de l'Elysée», poursuit L'Obs. 

Et ce n’est pas pour les beaux yeux de Bouteflika, 81 ans, que Paris fait ce cauchemar.

Selon l'hebdomadaire, en 2014 déjà, un document confidentiel du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie du Quai d'Orsay s'intéressait à la «nécrologie prospective» (sic) représentant une menace pour la France.

«La mort d'un dirigeant, était-il écrit dans cette note du 2 décembre 2014 adressée au ministre Laurent Fabius (…), n'est pas forcément source de crise, mais plusieurs pays présentent une fragilité particulière lorsqu'ils réunissent les trois facteurs suivants: l'âge avancé du dirigeant, la concentration excessive du pouvoir, l'absence de mécanisme de succession», renchérit le magazine, qui précise que «ce document était suivi d'une liste de cinq dirigeants dont la mort pourrait créer une grave crise: Paul Biya au Cameroun, Idriss Déby au Tchad, Nursultan Nazarbayev au Kazakhstan, Isaias Afwerki en Erythrée et Hun Sen au Cambodge.

Mais Abdelaziz Bouteflika vient toutefois «d'abord et avant tout».

L'Obs cite aussi, parmi les raisons de cette angoisse, les centaines de milliers de jeunes Algériens qui seraient alors tentés, en cas de déstabilisation profonde du pays, de rejoindre la France, l'immigration algérienne en France et sa descendance nombreuse, qui est attentive à ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée et la voie que pourrait ouvrir un tel scénario devant les djihadistes, qui ont semé la terreur dans le pays pendant une décennie et menacé la France à plusieurs reprises.

Par Mohammed Boudarham
Le 25/02/2019 à 15h14