Malgré un retard à l’allumage par rapport à l’agenda initial (l’aéroport devant être opérationnel depuis 2013), qui le prive encore d’une inauguration officielle, le nouvel aéroport international de Nouakchott, dont le nom «Oumtounsis» suscite une vive polémique, est en quête de notoriété.
D’abord, cette appellation désigne un lieu qui a été témoin d’une attaque dévastatrice contre un contingent colonial, selon une partie de l’opinion nationale. Thèse battue en brèche par certains connaisseurs de l’histoire, qui évoquent un acte de pillage des tribus du Nord, contre ceux du Trarza, dans la grande tradition des razzias des populations du désert.
Fermée cette digression historique, on note en ce moment un marketing «agressif» de la part du ministère de l’Equipement et des transports (département de tutelle de l’infrastructure) pour aller à la conquête du public afin de mieux vendre ce nouveau bijou dont le mode de réalisation suscite encore moultes questions.
Ainsi, après une visite du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, le vendredi 27 novembre dernier, le nouveau joyau, situé à 25 kilomètres au nord de Nouakchott, a accueilli plusieurs milliers de visiteurs, dans le cadre de journées portes ouvertes, organisées du 30 novembre au 4 décembre.
Parmi ces candidats à la découverte des installations modernes, les membres du gouvernement, les parlementaires et plusieurs hauts fonctionnaires de l’administration publique, tous mobilisés pour la cause.
Le nouvel aéroport international de Nouakchott est une infrastructure structurante «qui représente un axe stratégique dans le domaine des transports aériens et va offrir d’importantes opportunités d’emplois», selon l’explication officielle.
Il est composé d’un bâtiment principal d’une superficie de 18.000m2, de deux pistes d’atterrissage de 2,6 et 3,4 kilomètres de long. L’infrastructure pourra accueillir les plus grands avions du monde, dont l’Airbus A380 et le Boeing 780. L’infrastructure est à même de traiter jusqu’à 2 millions de passagers par an.
Le nouvel aéroport a été réalisé par la société Najah Network pour les grands travaux (un consortium des privés nationaux), selon une procédure qui suscite encore une vive polémique. Une controverse nourrie par un coût jusque là gardé au plus grand secret par les autorités. Pire, l’opposition et une bonne partie de la presse dénoncent régulièrement le montage d’une opération «nébuleuse» assimilée à «un troc d’un autre âge». Le consortium ayant réalisé l’aéroport hérite, en contrepartie, du foncier de l’ancien aéroport, situé au centre la capitale mauritanienne et d’autres terrains.
Situé entre le grand Hub de Casablanca et Dakar, qui devrait bientôt étrenner son nouvel Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), l’Aéroport international de Nouakchott va devoir déployer des trésors de charme et batailler ferme pour réaliser ses grosses ambitions.
