Le chef de l'État devait arriver en milieu de matinée à Alger, où il ira au contact des habitants en remontant une des principales avenues du centre de la capitale, après avoir déposé une gerbe au monument des martyrs de la Guerre d'Algérie (1954-1962).
Dans l'après-midi, il rendra visite à son homologue Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, dans la banlieue ouest d'Alger. Affaibli par les séquelles d'un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, reçoit très peu de dignitaires étrangers.
Cette visite "d'amitié et de travail" était espérée à Alger depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, salué comme un "ami de l'Algérie" par Bouteflika après sa victoire à la présidentielle française de mai. Depuis Valéry Giscard d'Estaing en 1975, la visite à Alger est en effet incontournable pour les présidents français, en raison des relations nées de 130 ans de colonisation (1830-1962). Ce qui fait qu'elles sont "souvent mouvementées, comme celles d'un vieux couple", selon l'universitaire algérien Abderrahmane Mebtoul. Alger avait mal pris qu'Emmanuel Macron choisisse, dès début juin, le Maroc pour son premier déplacement au Maghreb.
Lors de ses entretiens avec les dirigeants algériens, dont le Premier ministre Ahmed Ouyahia, le président français devrait aborder les crises au Sahel et en Libye.
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Alger, qui dispose de nombreux relais d'influence dans la région, a parrainé les longues tractations ayant abouti en 2015 à un accord de paix au Mali, qui peine à être appliqué, suscitant l'impatience de Paris. Emmanuel Macron tentera d'accélérer le déploiement de la force multinationale G5-Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie) lors d'une réunion le 13 décembre à Paris.
Parallèlement, l'association les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes de RFI tués au Mali en 2013, a dit espérer que la visite du président français à Alger fasse progresser l'enquête, alors que les assassins présumés seraient basés dans le Sud de l'Algérie, selon les juges d'instruction.
Ni déni ni repentanceEmmanuel Macron est aussi attendu sur la "question de la mémoire" liée à la colonisation française, qu'il avait qualifiée de "crime contre l'humanité" lors de sa précédente visite à Alger, durant la campagne présidentielle. "L'opinion algérienne attend de Macron qu'il honore sa promesse de campagne, lui, qui, candidat à l'Élysée, avait promis d'oser plus que l'ont fait ses prédécesseurs sur la reconnaissance du fait colonial", a écrit le quotidien francophone Liberté. Mais le premier président de la Ve République, né après la Guerre d'Algérie, insiste désormais sur la nécessité de "tourner la page". Il devrait ainsi répéter à Alger son message proclamé lors de sa récente tournée en Afrique de l'Ouest: "Ni déni ni repentance. On ne peut pas rester piégé dans le passé".
Parmi les gestes symboliques souhaités à Alger, la restitution par la France de crânes de résistants algériens tués dans les années 1850 qui sont conservés au Musée de l'Homme à Paris ou celui d'un canon qui défendait le port d'Alger et qui trône à l'arsenal de Brest.
Emmanuel Macron est accompagné d'artistes et de quelques hommes d'affaires alors que Paris et Alger cherchent à donner une nouvelle impulsion à leurs liens économiques."La tendance n'est pas bonne et il est temps de redresser la barre", a estimé en novembre à Alger le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire. La France reste le premier employeur étranger en Algérie mais perd des parts de marchés face à la Chine et d'autres pays européens.
À l'issue d'une conférence et d'une rencontre avec la communauté française, Macron s'envolera en fin de soirée pour une visite officielle de quelques heures au Qatar.