Luxe: LVMH abandonne le rachat de Tiffany

Fin août, les deux parties avaient repoussé, à fin novembre, la date butoir pour boucler leur rapprochement.

Fin août, les deux parties avaient repoussé, à fin novembre, la date butoir pour boucler leur rapprochement. . AFP

En 2019, le groupe avait conclu un accord pour racheter le joaillier new-yorkais pour 14,7 milliards d’euros. Il met en avant «une succession d’événements de nature à fragiliser l’opération».

Le 09/09/2020 à 17h29

LVMH a annoncé, mercredi 9 septembre, l’abandon du projet d’acquisition de Tiffany & Co. Le groupe français, qui, en novembre 2019, s’était engagé à racheter le joaillier new-yorkais pour un montant de l’ordre de 14,7 milliards d’euros, explique dans un communiqué qu’«après une succession d’événements de nature à fragiliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany & Co», le conseil d’administration de LVMH s’est réuni pour «étudier la situation de l’investissement projeté au regard de récents développements».

Présidé par Bernard Arnault, le conseil a « ainsi pris connaissance d’une lettre du ministre de l’Europe et des affaires étrangères [Jean-Yves Le Drian], qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis, demande au groupe LVMH de différer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021».

«L’accord ne peut pas avoir lieu. Il nous est interdit de conclure l’accord», a précisé Jean-Jacques Guiony, directeur financier du groupe, lors d’une conférence de presse téléphonique. Il a ajouté que LVMH n’était pas satisfait de la façon dont Tiffany & Co. avait été géré ces derniers mois, jugeant sa performance «terne». Le groupe avait auparavant déclaré avoir été informé de la requête du joaillier de repousser la finalisation du rachat du 24 novembre au 31 décembre.

Le groupe Tiffany & Co., qui a décidé de poursuivre le groupe LVMH, a saisi la justice du Delaware et assure pour sa part avoir respecté tous les termes de l’accord annoncé en novembre 2019, mais reproche en revanche au groupe de Bernard Arnault de ne pas avoir honoré ses propres engagements, notamment pour solliciter dans les délais nécessaires les avis des autorités de la concurrence.

«Mauvaise foi», s’est récrié M. Guiony, au sujet de l’Union européenne en particulier. Selon lui, Tiffany & Co., qui y est associé, sait très bien que les procédures sont dans une «situation extrêmement classique en matière d’antitrust».

Tiffany & Co. accuse aussi LVMH de l’avoir informé avec retard, seulement mardi, de cette lettre du ministère des affaires étrangères français datée du 31 août, dont il dit ne pas avoir obtenu de copie. «Nous pensons que LVMH cherchera à utiliser tous les moyens nécessaires pour tenter d’éviter de conclure la transaction selon les termes convenus», a dit Roger Farah, président de Tiffany & Co., cité dans un communiqué.

Tiffany & Co. a souffert de la fermeture de ses magasins en raison des mesures de confinement, enregistrant une perte nette de 65 millions de dollars entre février et avril, contre un bénéfice de 125 millions de dollars un an plus tôt.

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, a par ailleurs annoncé que M. Le Drian aborderait prochainement la question en détail. «Dans un contexte de négociations internationales très importantes avec nos partenaires, le gouvernement français n’est ni naïf ni passif», a-t-il ajouté.

Le 09/09/2020 à 17h29