«Il semble que les Ukrainiens viennent de remporter une victoire extraordinaire: la seule capitale régionale que la Russie avait saisie dans cette guerre est maintenant de retour sous le drapeau ukrainien, ce qui est tout à fait remarquable», a déclaré à la presse le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, alors qu'il se rendait au sommet de l'ASEAN au Cambodge en compagnie du président américain Joe Biden.
«Aujourd'hui est un jour historique. Nous reprenons le sud du pays, nous reprenons Kherson», s'est félicité Zelensky vendredi soir dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.
«Les forces spéciales sont déjà dans la ville», a-t-il ajouté, précisant que leur premier travail allait être de neutraliser les nombreuses mines laissées par l'armée russe, qui occupait Kherson depuis la mi-mars.
Une vidéo postée sur Telegram par Volodymyr Zelensky, présentée comme venant de Kherson, montrait des militaires ukrainiens se disant de la «28e brigade» acclamés dans la nuit par une foule scandant «V-C-U», l'acronyme des forces armées ukrainiennes.
Son ministre des Affaires étrangères s'est félicité samedi que l'Ukraine soit «en train de gagner des batailles sur le terrain. Mais la guerre continue».
«Tant que la guerre se poursuivra, et que nous verrons la Russie mobiliser davantage de conscrits et acheminer davantage d'armes vers l'Ukraine, nous continuerons bien sûr à compter sur votre soutien continu», a dit Dmytro Kouleba lors d'une rencontre bilatérale avec le Premier ministre australien Anthony Albanese en marge du sommet de l'Asean, au Cambodge.
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«Enfin ma ville libre»Ce repli russe est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d'être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre.
Vendredi soir, sur l'emblématique place Maïdan de Kiev, des habitants de Kherson réfugiés depuis des mois dans la capitale ont fêté la nouvelle dans la liesse.
«Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j'ai vécu toute ma vie», dit les larmes aux yeux Nastia Stepenska, les couleurs nationales peintes sur les joues. «Quand ils (les Russes) sont arrivés, c'était l'horreur, on ne savait pas ce qu'il se passerait le jour d'après, si on resterait en vie», témoigne la lycéenne de 17 ans, qui se dit «en état de choc».
Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé à 05H00 heure de Moscou (02H00 GMT) «le redéploiement» de ses unités de la rive droite (occidentale) du fleuve Dniepr, où se trouve la ville de Kherson, vers la rive gauche, assurant n'avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire.
Selon Moscou, «plus de 30.000» soldats russes et «près de 5.000 unités d'armements et de véhicules militaires ont été retirés» de la rive occidentale du Dniepr.
Ce repli a toutefois tout du camouflet, le président russe Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.
Cette dernière, malgré le retrait, reste «un sujet de la Fédération de Russie», a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Il ne peut y avoir aucun changement», a-t-il ajouté, dans le premier commentaire de la présidence russe sur ce repli.
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Toujours dans le sud de l'Ukraine, le gouverneur de la région de Mykolaïv, Vitaliï Kim, a par ailleurs annoncé vendredi soir qu'elle était désormais «entièrement libérée».
«Revendications farfelues»A l'approche du G20, sommet des puissances économiques mondiales prévu la semaine prochaine en Indonésie et où Vladimir Poutine a renoncé à se rendre, la présidence française a voulu voir la possibilité d'un dialogue.
«Il y a un espace très clair au G20 pour porter un message de paix et demander à la Russie d'entrer dans la logique de désescalade», a affirmé un conseiller du président Macron. «Une très grande majorité au sein du club (du G20) considère que cette guerre est énorme et insupportable pour le reste du monde».
Jake Sullivan, interrogé samedi sur les informations selon lesquelles l'administration Biden aurait commencé à faire pression sur le président Zelensky pour qu'il envisage des négociations avec Moscou, a remarqué que la Russie continuait à avoir des «revendications farfelues» concernant ses annexions autoproclamées.
«L'Ukraine est le parti de la paix dans ce conflit et la Russie est le parti de la guerre. La Russie a envahi l'Ukraine. Si la Russie choisissait d'arrêter de se battre en Ukraine et de partir, ce serait la fin de la guerre. Si l'Ukraine choisissait d'arrêter de se battre et d'abandonner, ce serait la fin de l'Ukraine», a-t-il fait valoir.
«Dans ce contexte, notre position reste la même que par le passé et fondamentalement, elle est en étroite consultation et en soutien du président Zelensky», a encore soutenu Sullivan.
Le président ukrainien a répété cette semaine que la première condition pour une négociation était le retrait complet des troupes russes, entrées le 24 février en Ukraine.