Les États-Unis saisissent un second pétrolier vénézuélien et durcissent le blocus contre Caracas

Le navire baptisé Centuries par Washington, bat pavillon panaméen et a chargé 1,8 million de barils de brut dans un port vénézuélien pour le compte d’une société chinoise.

Les États-Unis ont saisi samedi un second pétrolier au large du Venezuela, Caracas dénonçant un «vol» et un acte de «piraterie navale».

Le 21/12/2025 à 07h04

En début de semaine, Donald Trump a annoncé un «blocus total» contre des pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du Venezuela. Le président américain a même déclaré vendredi qu’il n’excluait pas une guerre avec ce pays pétrolier d’Amérique du Sud, présidé par le socialiste Nicolas Maduro, bête noire des États-Unis.

Selon Caracas, l’administration Trump utilise des accusations fallacieuses de trafic de drogue pour chercher à renverser le dirigeant vénézuélien et prendre le contrôle des importantes ressources pétrolières du pays.

La ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a annoncé samedi sur X l’interception avant l’aube, le 20 décembre, par les gardes-côtes américains, et avec le soutien du Pentagone, d’«un pétrolier qui avait accosté pour la dernière fois au Venezuela».

Un message accompagné d’une vidéo de près de huit minutes avec des prises de vue aériennes montrant un hélicoptère au-dessus du pont d’un pétrolier en mer et un soldat y débarquant.

Pas de sanctions sur le pétrolier

«Les États-Unis continueront de traquer le flux illégal de pétrole sous sanctions qui sert à financer le narcoterrorisme dans la région», a martelé Mme Noem.

Son ministère a donné le nom du bateau, le Centuries, qu’il a accusé de «transporter du pétrole sous sanctions américaines».

Selon le site TankerTrackers, le navire bat pavillon panaméen et a chargé 1,8 million de barils de brut dans un port vénézuélien pour le compte d’une société chinoise.

Le Centuries n’apparaît toutefois pas sur la liste des personnes morales ou physiques sous sanctions du Trésor américain examinée par l’AFP.

«Le pétrolier contient du pétrole de la PDVSA (la compagnie pétrolière publique vénézuélienne) sous sanctions», a justifié sur X une porte-parole de la Maison Blanche, Anna Kelly.

D’après elle, le navire navigue sous «un faux pavillon et fait partie de la flotte fantôme vénézuélienne pour du trafic de pétrole volé et financer le régime narcoterroriste de Maduro».

Embargo américain

«Le Venezuela dénonce et rejette catégoriquement le vol et l’enlèvement d’un nouveau navire privé transportant du pétrole vénézuélien, ainsi que la disparition forcée de son équipage, actes commis par des militaires des États-Unis», a tonné Caracas dans un communiqué.

L’armée américaine a saisi le 10 décembre un premier pétrolier au large du Venezuela, ce que M. Maduro avait qualifié de «piraterie navale».

«Ces actes ne resteront pas impunis», a averti Caracas samedi, promettant une «dénonciation devant le Conseil de sécurité des Nations unies».

Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien est écoulé à des prix inférieurs aux prix du marché, à destination notamment de la Chine.

Caracas dément toute implication dans le trafic de drogue et assure que Washington cherche à renverser le président Maduro pour s’emparer des réserves pétrolières du pays.

Pour justifier le blocus, Donald Trump affirme que le Venezuela se sert de l’or noir pour financer «le narcoterrorisme, la traite d’êtres humains, les meurtres et les enlèvements».

Il a également assuré cette semaine que le Venezuela avait volé du pétrole et des terres appartenant aux États-Unis, sans étayer cette accusation, qui semble liée à la nationalisation de l’industrie pétrolière vénézuélienne dans les années 1970 et à l’obligation imposée aux «majors» étrangères présentes dans le pays de travailler au sein d’entreprises mixtes contrôlées par PDVSA.

Les États-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le trafic de drogues, des opérations dont la légalité est mise en doute par des experts, ONG et responsables des Nations unies.

Ces opérations ont tué au moins 104 personnes dans les Caraïbes et le Pacifique, sans que Washington ne fournisse la moindre preuve que les navires visés étaient effectivement impliqués dans un quelconque trafic.

Et le président américain agite depuis des semaines la menace d’une intervention terrestre.

En marge du sommet du Mercosur samedi à Foz do Iguaçu, au Brésil, le président Lula a mis en garde contre une «catastrophe humanitaire» en cas de conflit armé au Venezuela, alors que son homologue argentin Javier Milei a, au contraire, salué «la pression» des États-Unis.

Par Le360 (avec AFP)
Le 21/12/2025 à 07h04