Charlatan pour certains, sorcier pour d’autres, Mohamed El Abd est un Sénégalais d’origine, naturalisé mauritanien depuis plus d’un demi-siècle. Certains disent qu’il serait d’origine malienne. Ce qui est certain c’est qu’il a connu une relative réussite depuis son arrivée dans le nord mauritanien, où il a commencé son métier de voyant (chouaf), tout en étant encore un SDF à Fdérik. C’est ce qui lui a valu le sobriquet de «Bou hssira» (l’homme à la natte), car il profitait de l’hospitalité des habitants de la ville tout en trimballant avec sa natte, coussins, couverture, et tout le matériel indispensable à l’exercice de son métier: amulettes, cauris, talismans, variétés d’encens…
Mohamed El Abd, qui a rapidement assimilé le hassania (darija locale), prétendait avoir le pouvoir, entre autres dons, de soigner certaines maladies graves, de mettre fin rapidement au célibat des filles quel que soit leur âge, mais aussi de délivrer des «porte-bonheur» qui permettent à leur détenteur des entrées conséquentes d’argent. C’est le site mauritanien de zoueratemedia qui a annoncé sa mort, vendredi dernier, en le qualifiant au passage de «plus grand charlatan de la wilaya du Tiris Zemmour» (région englobant tout le nord mauritanien).
D’autres médias locaux ont divulgué que le secret de la résidence définitive à Fdérik de cet étranger à la région, qui a fini par fonder un foyer et s’entourer d’une importante progéniture, s’explique surtout par l’engouement de certains dirigeants du Polisario, devenus accro de ses «rituels». Et qui l’ont même constamment invité à s’établir à Rabouni en Algérie, ce qu’il a toujours refusé.
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Selon un journaliste qui aurait piégé le charlatan, en se présentant à lui comme étant un petit commerçant qui espère faire fortune, ce dernier a reconnu que de nombreux dirigeants du Polisario constituaient l’essentiel de sa clientèle depuis des décennies.
Et quels services viennent demander les protégés d’Alger à ce «hajjab» (ésotériste) du désert mauritanien? Que leur juteux commerce, basé sur le détournement de l’aide alimentaire destinée aux Sahraouis des camps de Tindouf, ne tarisse et ne périclite jamais. Pas plus que la «confiance» de leur employeur algérien. D’ailleurs, en plus de lui verser de grosses sommes d’argent tirées de ce commerce illicite, régulièrement dénoncé par nombre d’organisations internationales, les dirigeants du Polisario payaient aussi «Bou hssira» en nature, au vu et au su des habitants de Fdérik, en lui faisant parvenir d’importantes cargaisons d’aides alimentaires ponctionnées sur celles des camps de Tindouf.
Un comportement qui a le mérite de lever un voile sur le degré d’ignorance et de voracité de ces soi-disant dirigeants du Polisario qui misent également sur des croyances et pratiques occultes pour protéger leurs intérêts les plus étroits.