Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, en son premier jour d’utilisation comme contrat de référence, s’est replié de 0,14% à 77,04 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en février, a cédé 0,16% à 71,65 dollars.
«La menace persistante d’une extension du conflit au Moyen-Orient signifie que les marchés pétroliers doivent rester vigilants quant aux risques liés à l’offre», a commenté Han Tan, analyste d’Exinity. Mais la faible réaction du marché est due au fait que la «prime de risque géopolitique» a déjà été «intégrée dans les prix», a-t-il expliqué.
Les deux références mondiales du pétrole ont terminé l’année en baisse d’environ 10%. Les efforts de l’Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés) pour réduire la production, de même que les tensions géopolitiques croissantes au Moyen-Orient «sont restés étonnamment inefficaces pour stimuler l’appétit pour le pétrole cette année», a résumé Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote.
Les prix du brut avaient pourtant décollé avec l’offensive du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, le marché redoutant une escalade géopolitique et des perturbations de l’approvisionnement. Sans impact immédiat sur l’équilibre entre offre et demande de pétrole, l’attaque avait toutefois suscité de fortes craintes, notamment quant à une implication possible de l’Iran dans le conflit. Le marché avait ensuite rapidement estimé que la guerre ne devrait pas se propager aux pays voisins, importants producteurs et exportateurs de pétrole.
Réduction de l’influence de l’Opep+
Et l’Opep+ a eu beau sabrer depuis des mois sa production d’or noir, avec des réductions volontaires de certains membres, les prix du brut sont retombés. La stratégie de l’alliance avait fonctionné pendant un temps, avant de patiner. Le Brent avait même frôlé les 100 dollars le baril fin septembre, poussé par les fortes craintes d’un important déficit d’approvisionnement du marché dès la fin de l’année.
Depuis, les cours ont fortement dévissé, la perte de puissance du groupe et les désaccords entre ses membres laissant les investisseurs plus sceptiques. L’Opep et ses partenaires ne contrôlent désormais qu’à peine plus de la moitié de la production mondiale de brut (50 millions de barils par jour), selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), soit la plus faible part depuis la mise en place de l’Opep+ en 2016.
Le retrait de l’alliance le 21 décembre de l’Angola, pays qui refuse de réduire sa production et veut «se concentrer davantage» sur ses propres objectifs, a exposé les tensions au sein du groupe au grand jour.
Le gaz naturel en chute libre
Côté gaz naturel européen, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, a fini en chute de 4,59% vendredi à 32,095 euros le mégawattheure (MWh). Les analystes de DNB rappellent que «la demande européenne de gaz reste faible, même si l’on tient compte des variations saisonnières» avec les récentes vagues de froid.
Après l’attaque du Hamas contre Israël, les prix du gaz avaient momentanément bondi, notamment après l’annonce de la fermeture d’un important champ gazier israélien. Des grèves et menaces de grèves dans d’importantes installations de gaz naturel liquéfié en Australie, important pays producteur, avaient aussi porté les cours pendant un temps à la fin de l’été.
Mais la tendance reste à la forte baisse: le gaz naturel européen a terminé l’année en dégringolade d’environ 58%. «Jusqu’à présent, l’hiver a été en moyenne plus chaud que la normale, (...) et les niveaux de stockage de l’Europe sont élevés, même par rapport à l’année dernière», a expliqué Lu Ming Pang, analyste de Rystad Energy.