Les péripéties de la cellule de 12 jihadistes, conclues par la mort de huit d'entre eux et l'arrestation des quatre autres, avaient commencé mercredi par ce qui ressemblait à un banal accident: une forte explosion dans une maison d'Alcanar, dans le sud de la Catalogne.
La cellule jihadiste présumée s'installe dans une villa d'Alcanar, à 200 kilomètres au sud-ouest de Barcelone, selon leur voisine Martine Groby, une retraitée française de 61 ans. "Ils étaient discrets, trop discrets, les volets fermés, pas de musique, pas d'enfants, pas de femmes..." a-t-elle raconté à l'AFP.
"Mon père - un ancien policier - m'avait dit que c'étaient des terroristes, conseillé de prendre des photos et de noter les plaques d'immatriculation. Pour lui, c'était bizarre ces allers-retours toute la journée. Je n'ai pas voulu le croire..." se souvient-elle.
23H17: une explosion dans la villa provoque la mort d'une personne et en blesse grièvement une autre. La déflagration a été si forte qu'elle a été entendue à quatre kilomètres à la ronde. On ne savait pas encore que 120 bonbonnes de butane s'y trouvaient, ainsi que de l'acétone, ingrédient de l'explosif favori des jihadistes de l'Etat islamique (EI), le TATP, utilisé pour les attentats de Londres, Paris, Bruxelles et Manchester. Les enquêteurs ont retrouvé plus tard d'autres restes humains. Après analyse, la police a révélé lundi qu'ils appartenaient à un autre membre de la cellule, l'imam Abdelbaki Es Satty.
15H00: l'un des futurs assaillants de Cambrils, Said Aallaa, dit à sa famille qu'il "part faire un tour avec un ami" et quitte son domicile à Ripoll, dans le nord de la Catalogne, pour parcourir 200 kilomètres jusqu'à Cambrils.
16H50: Younes Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans, fauche les passants sur les Ramblas sur plus de 500 mètres au volant d'une camionnette, semant la mort sur l'artère piétonne très fréquentée de Barcelone. Treize personnes perdent la vie et plus de 120 sont blessées. Abouyaaqoub s'enfuit à pied, s'engouffre dans le marché de la Boqueria d'une rue adjacente, sans être repéré.
18H10: six kilomètres plus loin, Abouyaaqoub poignarde à mort un homme, Pau Pérez, pour lui voler sa voiture.
19H45: il force un des barrages routiers placés à chaque sortie de la ville. Les policiers ouvrent le feu. Abouyaaqoub abandonne la Ford Focus; sur la banquette arrière gît le cadavre du propriétaire de la voiture. Les agents croient que Pau Pérez a été tué par une de leurs balles, et ne font pas le lien avec l'attentat de Barcelone.
Il faudra attendre lundi - plus de trois jours - pour qu'il soit officiellement reconnu comme le quinzième mort des attentats.
23H00: le chef des Mossos d'Esquadra, Josep Lluis Trapero, lie pour la première fois l'attentat des Ramblas à l'explosion d'Alcanar.
01H15: Moussa Oukabir, 17 ans, né à Ripoll mais marocain, son voisin d'immeuble Mohamed Hychami, 24 ans, de Mrirt comme lui, et Said Aallaa, 18 ans, né à Naour au Maroc, foncent avec deux autres complices à bord d'une Audi A3 sur la promenade de Cambrils, une station balnéaire. Ils tentent de renverser une patrouille et blessent une policière sur le bord de mer. Puis ils descendent du véhicule affublés de fausses ceintures explosives, de couteaux et de haches. Un agent abat quatre d'entre eux. Un cinquième parvient à poignarder une femme qui succombera à ses blessures, avant d'être tué par un autre policier.
16H10: la police lance une opération à Subirats, petit village au milieu des vignes, à 50 kilomètres à l'ouest de Barcelone. La police a reçu deux témoignages concordants sur la présence de Younes Abouyaaqoub dans les environs.
Peu avant 17H00: Des agents de la police locale aperçoivent un homme "accroupi dans les vignes". Ils sont alors "sortis de leur véhicule, se sont approchés". La personne "a ouvert sa veste" et semblait porter une ceinture d'explosifs, a raconté Josep Lluis Trapero. Younes Abouyaaqoub est abattu sur-le-champ.
19H30: Josep Lluis Trapero déclare que "le cœur de l'opération" policière est terminé.