Une minorité d'entre eux, quelques milliers, veulent croire qu'ils parviendront à perturber la cérémonie d'investiture du président élu le 20 janvier, où quelque 800.000 partisans du milliardaire sont attendus sous la haute surveillance de 28.000 membres des forces de l'ordre.
Mais le grand rendez-vous des contestataires sera le lendemain, samedi 21, pour une Marche des femmes qui, elle, a été autorisée par les autorités.
Cette initiative trouve sa genèse dans un simple appel posté sur Facebook qui a fait tache d'huile. Il émane de Teresa Shook, une avocate à la retraite vivant jusque-là dans un anonymat paisible à Hawaï.
Consternée par le résultat de la présidentielle, cette grand-mère avait suggéré à ses contacts Facebook: "Et si les femmes défilaient massivement à Washington autour de l'investiture?".
Ayant obtenu quarante réponses à son appel, Mme Shook était allée se coucher. A son réveil, le nombre avait bondi à 10.000. L'effet boule de neige ne faisait que commencer.
Sur la page dédiée à l'événement sur le réseau social, près de 190.000 personnes ont désormais annoncé leur intention de participer à la marche, 253.000 supplémentaires se disant intéressées.
Difficile de savoir combien de manifestant(e)s effectueront réellement le déplacement, un froid glacial n'étant pas à exclure à cette époque.
Mais certains signes laissent penser à une vaste mobilisation. Notamment l'ampleur prise par l'initiative sur les réseaux sociaux avec des hashtags comme #WhyImarch, #womensmarch ou #NotMyPresident.
Le ralliement de diverses célébrités est une autre indication. Les chanteuses Katy Perry et Cher, l'actrice Scarlett Johansson ont annoncé leur participation.
Au moins 1.200 autocars ont demandé la permission de stationner au stade RFK de la capitale fédérale le 21 janvier, bien davantage que pour l'investiture la veille.
La Marche des femme se garde de se présenter comme un rassemblement anti-Trump: selon un communiqué vendredi, il s'agit d'un "mouvement impulsé par les femmes rassemblant des personnes de tous les sexes, âges, races, cultures et étiquettes politiques", au nom de l'"humanité partagée", la "résistance" et la "liberté".
Dans le détail, l'initiative est soutenue par des dizaines d'organisations progressistes dont les valeurs sont à l'antithèse de celles du vainqueur de la présidentielle.
On y trouve des défenseurs des droits civiques, des immigrés, des musulmans, des militants de l'environnement, de l'avortement, de la contraception, des drogues douces, des féministes, des pacifistes, des homosexuels, des Amérindiens, bref un melting-pot de citoyens inquiets.
La marche est désormais officiellement soutenue par Amnesty International et Planned Parenthood, le plus grand réseau de planning familial du pays.
Les noirs devraient se faire entendre, avec la présence de Black Lives Matter, une association spécialisée dans la dénonciation des abus policiers. Jugeant Black Lives Matter trop radical, certains ont exclu de participer à la Marche des femmes.
Donald Trump peut par ailleurs s'attendre à se voir rappeler ses propos sexistes qui ont défrayé la campagne présidentielle.
Une initiative baptisée Pussyhat project fédère des adeptes du tricot et du crochet pour confectionner des chapeaux de maille rose avec des oreilles de chat pour les manifestantes.
Le terme "pussy" désigne en anglais l'animal domestique, ou le sexe féminin, Donald Trump ayant employé ce terme vulgaire dans une vidéo qui a choqué.
Du fait du court délai de préparation, la Marche des femmes s'est révélée être un véritable défi logistique, à la fois pour les organisateurs et les autorités de la capitale fédérale, déjà sur les dents.
Elle devrait débuter sur Independence Avenue à 10H00 du matin près du Capitole et se dérouler sur deux kilomètres le long du National Mall, l'esplanade bordée par les principaux musées et mémoriaux de Washington.
Les organisatrices annoncent environ 300 "marches soeurs" dans d'autres villes du pays dont New York, Boston, Los Angeles et Seattle, ainsi qu'au-delà des frontières des Etats-Unis.
Des poètes et écrivains dans une trentaine d'Etats d'Amérique et plusieurs villes du globe, eux, ont annoncé des lectures publiques en dénonciation de Trump. Dans une pétition, des centaines d'artistes et critiques d'art s'engagent à faire grève le 20 janvier.