Ces tirs interviennent à quelques heures de la fin des manœuvres militaires conjointes entre les États-Unis et la Corée du Sud, Ulchi Freedom Shield, qui suscitent toujours l’ire de Pyongyang. Les missiles ont été tirés mercredi, en «simulation d’une frappe nucléaire tactique visant à détruire totalement les principaux centres de commandement et les bases aériennes» de l’autre côté de la frontière, en Corée du Sud, selon l’agence de presse d’État nord-coréenne KCNA. «L’exercice vise à envoyer un message clair aux ennemis», a déclaré l’armée du Nord, toujours selon KCNA.
L’état-major interarmées de la Corée du Sud (JCS) a déclaré dans un communiqué avoir détecté deux missiles balistiques à courte portée tirés du Nord vers la mer de l’Est, également appelée mer du Japon, juste avant minuit. Les missiles ont parcouru environ 360 kilomètres avant de finir dans les eaux, et les lancements sont actuellement analysés par les responsables des renseignements sud-coréens et américains, a précisé le JCS.
Selon Tokyo, les deux missiles seraient tombés près de la côte est de la péninsule coréenne et en dehors de la zone économique exclusive du Japon.
Mardi, Pyongyang avait organisé des manœuvres militaires au niveau du commandement pour donner le change aux exercices conjoints de Washington et Séoul. À cette occasion, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a visité un poste de commandement d’entraînement, selon KCNA.
«L’exercice a pour but de permettre à tous les commandants et aux sections d’état-major de l’ensemble de l’armée de se préparer pleinement à la guerre», a rapporté la même source. Toujours selon KCNA, l’exercice simulait une contre-attaque à une tentative d’invasion soudaine pour occuper «l’ensemble du territoire de la moitié sud».
«Frappes simultanées intenses»
Kim Jong Un a détaillé ses futurs plans de guerre, notamment «des frappes simultanées très intenses» sur des postes militaires clés afin de provoquer «un chaos socio-politique et économique». Sur des photos publiées par le journal officiel Rodong Sinmun, le dirigeant nord-coréen entouré d’officiers, apparaît devant une carte de la péninsule coréenne floutée, désignant ce qui semble être la Corée du Sud.
Selon Leif-Eric Easley, professeur à l’Université Ewha de Séoul, les lancements de missiles nord-coréens lors d’exercices américano-sud-coréens ne sont pas inhabituels, mais ont été effectués à des «heures indues». Pyongyang veut peut-être ainsi démontrer sa capacité à attaquer à tout moment et en de multiples directions, ou simplement compliquer le suivi et l’analyse de ces tirs par les alliés, a ajouté l’expert.
Lors des manœuvres aériennes alliées, au moins un bombardier stratégique américain B-1B a survolé mercredi la péninsule coréenne, selon Yonhap, un détail qui a particulièrement irrité Pyongyang. Le Nord a qualifié ce survol de « grave menace » qui est « conforme au scénario d’une attaque nucléaire préventive contre la RPDC (République populaire démocratique de Corée) ».
Mardi, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont également organisé un exercice naval trilatéral de défense antimissile. Les trois pays ont renforcé leur coopération en matière de défense au cours des derniers mois, en réponse aux provocations croissantes de Pyongyang.
La Corée du Nord a procédé à un nombre record d’essais d’armes cette année et effectué la semaine dernière sa deuxième tentative de mise en orbite d’un satellite espion, qui s’est soldée par un échec. Le numéro un nord-coréen a qualifié l’an passé d’«irréversible» le statut de puissance nucléaire de son pays et appelé à un développement accru d’armements, notamment d’armes nucléaires tactiques.