Consoles et jeux d’arcades de ces cinquante dernières années sont exposés dans le cadre de Gamers8, un tournoi d’eSports organisé durant huit semaines dans la capitale Ryad, avec des prix d’un montant total de 45 millions de dollars à la clé.
La monarchie pétrolière n’a jamais caché sa passion pour les jeux et les eSports, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, étant lui-même connu pour être un adepte du jeu Call of Duty.
Le dirigeant du pays, âgé de 38 ans, a annoncé l’année dernière un plan d’investissements de 38 milliards de dollars pour le groupe spécialisé dans les jeux et les sports électroniques, Savvy Games, propriété du très riche fonds souverain saoudien.
La stratégie nationale de développement du secteur met notamment l’accent sur l’industrie locale, promettant de devenir un «éden» pour les concepteurs de jeux «promouvant la culture saoudienne et arabe».
Outre le musée, Gamers8 propose de nombreux ateliers de formation, qui ont permis d’initier plus de 3.000 jeunes à des compétences comme le codage ou l’animation.
Les Français ont raté le coche cette semaine lors du Gamers8 en Arabie saoudite. Team BDS s'offre le meilleur classement des équipes francophones engagées avec un Top 3 - 4. https://t.co/4R5U3C5ODL pic.twitter.com/5rqehexeCC
— L'ÉQUIPE (@lequipe) August 28, 2023
Mazal Tov, Mabrouk et Félicitations à l'équipe israélienne de joueurs qui est arrivée à la PREMIÈRE place dans la catégorie du jeu "CounterStrike", après avoir participé au tournoi Gamers8 en Arabie Saoudite !
— Consulat général d’Israël (@IsraelaMTL) August 25, 2023
« Vitality », l'équipe composée des Israéliens Shahar Shoshan et… pic.twitter.com/aGo2sURCTH
Mohammed al-Fakih, un jeune développeur venu étendre ses connaissances dans le domaine, se félicite d’avoir désormais la possibilité de «créer des jeux, développer ses propres idées et les réaliser dans le respect des coutumes et traditions locales».
«Avant, les Arabes ne faisaient qu’acheter des jeux, ils n’en développaient pas», affirme-t-il.
25.000 développeurs
L’Arabie saoudite, dont plus des deux tiers des citoyens ont moins de trente ans, est un marché lucratif pour les créateurs de jeux vidéos, mais aucun n’a encore réussi à conquérir le public avec un produit mettant en valeur la culture locale, reconnait Faisal ben Homran, un responsable à la Fédération saoudienne des eSports.
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Selon lui, le royaume compte désormais 25.000 développeurs, locaux et expatriés. Avec «l’expertise venant de l’étranger et le transfert de compétence, nous identifierons des jeux pouvant connaître un succès international», affirme-t-il.
La stratégie nationale s’est fixée l’objectif de produire en Arabie saoudite 30 jeux capables de rivaliser au niveau mondial d’ici à 2030.
Les éditeurs locaux peuvent en tout cas compter sur des fans inconditionnels comme Khaled Alghaith, un jeune de 14 ans qui affirme tester tous les jeux créés par ses compatriotes.
A chaque fois, «je me dis: wow, c’est le travail d’un Saoudien et j’en suis très fier», raconte cet adolescent passionné de Rocket League, qui a passé ses vacances d’été dans les ateliers de codage de Gamers8.
Voie à suivre
Malgré ses immenses richesses, l’Arabie saoudite n’a pas toujours été bien accueillie par la communauté des gamers.
Cela n’a pas empêché Ryad de poursuivre son offensive: cette année, le groupe Savvy a acheté Copely, une société californienne de jeux mobiles pour 4,9 milliards de dollars, tandis que le Fonds souverain détient désormais plus de 8% de Nintendo.
[THREAD] 🎮🌍✨ Découvrez l'homme qui façonne le futur de l'esport et des jeux vidéo en Arabie Saoudite : Son Altesse Royale le Prince Faisal bin Bandar bin Sultan Al Saud. Un leader passionné et déterminé à créer un impact mondial. Voici ce que vous devez savoir : 👇 pic.twitter.com/59ZTQwSRXG
— Odie Ange Metuschela (@Ivoire_eSports) July 8, 2023
Pas seulement du vrai football, avec Newcastle très proche de la qualification pour la prochaine Ligue des champions. Le fonds souverain d'Arabie saoudite poursuit son expansion auprès des producteurs de jeux vidéo.https://t.co/JWtyFBYejD pic.twitter.com/fRasY2k0zn
— 𝑴𝑮 𝒁𝒆𝒓𝒃𝒐🧭 (@Bibra39) May 17, 2023
Une éventuelle montée en puissance de l’Arabie saoudite sur la scène des jeux vidéo, comme celle de la Chine avant elle, suscite néanmoins des inquiétudes chez certains experts, qui soulignent le risque de censure.
«Nous verrons un changement inconscient dans le développement, et moins de jeux ayant un point de vue critique», prévient Tobias Scholz, expert en eSports à l’université norvégienne d’Agder.
Mais ces questions sont loin de préoccuper Abdulaziz Maher qui, depuis les formations reçues durant Gamers8, envisage une carrière de développeur.
«Les idées étaient un peu confuses dans ma tête, mais maintenant elle sont plus claires», raconte ce Saoudien de 23 ans qui dit avoir découvert «une voie à suivre».