Indonésie: au moins 84 morts dans les inondations à Sumatra

Le vaste archipel de l'ouest indonésien et la ville de Sumatra ont été frappés par de fortes précipitations qui ont causé des dizaines de morts ces derniers jours. (Photo: AFP)

Le bilan des inondations et glissements de terrain qui ont frappé la grande île indonésienne de Sumatra est monté à 84 morts, ont annoncé vendredi des responsables des services de secours.

Le 28/11/2025 à 07h36

Le vaste archipel de l’ouest indonésien ainsi que ses voisins la Malaisie et la Thaïlande ont été frappés par de fortes précipitations qui ont causé des dizaines de morts dans la région ces derniers jours.

«Selon le bilan établi ce matin (vendredi), le bilan s’élève à 62 morts et 95 blessés», a indiqué à l’AFP Ferry Walintukan, porte-parole de la police de Sumatra Nord, ajoutant qu’«au moins 65 personnes sont toujours recherchées» dans sa localité.

«Notre priorité reste l’évacuation et l’assistance. Nous espérons que le temps s’améliorera afin que nous puissions déployer un hélicoptère sur place», a-t-il ajouté alors que de nombreux accès routiers sont coupés.

À Sibolga, la ville la plus touchée, plus de 30 personnes sont mortes, a-t-il encore indiqué.

Dans la province voisine de Sumatra Ouest, au moins 22 personnes sont décédées et 12 autres sont portées disparues, selon l’agence locale de gestion des catastrophes.

Des pluies torrentielles se sont abattues depuis plusieurs jours sur les provinces de Sumatra Ouest et Nord ainsi que sur la province d’Aceh, à l’extrémité occidentale de la grande île, provoquant inondations, glissements de terrain et d’importants dégâts aux infrastructures.

Dans cette province d’Aceh, près de 1.500 personnes ont été évacuées, selon l’agence locale de gestion des catastrophes.

Des coupures d’électricité ont été constatées dans certaines parties de la province, selon un journaliste de l’AFP. La filiale locale de la compagnie d’électricité publique Perusahaan Listrik Negara a indiqué en milieu de semaine avoir déployé du personnel pour «rétablir progressivement l’approvisionnement en électricité».

Selon l’agence de météorologie, de climatologie et de géophysique, un cyclone baptisé Senyar s’est formé mercredi et pourrait provoquer de nouvelles conditions météorologiques extrêmes dans certaines parties de la région, notamment Aceh et le nord de Sumatra, au cours des prochains jours.

Impact du dérèglement climatique

Le changement climatique a également accru l’intensité des tempêtes, accompagnées de précipitations plus abondantes, de crues soudaines et de rafales plus violentes.

Au moins 38 personnes sont mortes dans des intempéries au début du mois au centre de l’île de Java et les opérations de recherche se sont terminées sur un bilan de 13 personnes toujours portées disparues.

Les autorités indonésiennes ont également mis en garde contre la possibilité d’un nouveau pic de précipitations dans les jours à venir, alors que plusieurs cellules orageuses continuent de se former au-dessus du détroit de Malacca et de l’océan Indien. L’Agence nationale de gestion des catastrophes (BNPB) a averti que les sols, déjà saturés par des semaines de pluies intenses, pourraient céder plus facilement, augmentant le risque d’éboulements soudains dans les zones montagneuses et densément peuplées.

Dans plusieurs districts ruraux de Sumatra Nord, les équipes de secours peinent à atteindre certaines localités isolées, où des dizaines de maisons auraient été emportées par les torrents de boue. Les témoins décrivent des scènes de chaos: routes arrachées, ponts effondrés, véhicules engloutis et familles tentant de sauver quelques biens dans l’eau jusqu’aux genoux.

Les autorités ont distribué des tentes, des vivres et des couvertures, mais de nombreuses zones restent difficiles d’accès en raison de la topographie escarpée.

Des régions lourdement impactées

À Aceh, région déjà lourdement marquée par le tsunami de 2004, les populations vivent dans la crainte d’une nouvelle catastrophe majeure. Plusieurs habitants ont déclaré aux médias locaux que les inondations récurrentes deviennent «plus fréquentes et plus violentes» qu’il y a dix ou quinze ans. Dans certains villages, des mosquées, écoles et dispensaires ont été transformés en centres d’hébergement d’urgence pour accueillir les familles déplacées.

Les autorités sanitaires ont également exprimé leurs inquiétudes face au risque de maladies d’origine hydrique, notamment la leptospirose, la dengue et les infections respiratoires aiguës. Les fortes pluies et les stagnations d’eau favorisent la prolifération des moustiques, et plusieurs hôpitaux de district ont signalé une hausse des admissions depuis une semaine.

Le ministère de la Santé a demandé un renforcement des campagnes de prévention et l’envoi de médicaments dans les zones les plus touchées.

La situation est rendue plus complexe encore par la fragilité des infrastructures en Indonésie, un pays où les glissements de terrain et les crues soudaines figurent parmi les catastrophes naturelles les plus meurtrières.

Chaque année, des centaines de familles sont contraintes de se déplacer en raison de l’érosion des sols, du déboisement massif et de l’urbanisation rapide. Les experts indonésiens soulignent que les opérations de reboisement, pourtant jugées prioritaires, progressent trop lentement pour compenser la dégradation environnementale.

Par Le360 (avec AFP)
Le 28/11/2025 à 07h36