La Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) ont finalement opté pour la grève.
Après l’échec des négociations avec le gouvernement et des médiations initiées par le patronat, les religieux et les sages, elles ont appelé les travailleurs à cesser toute activité à compter de ce lundi 15 février.
Elles exigent une baisse du prix des hydrocarbures à 5.000 francs guinéens, contre 8.000 francs actuellement en cours, et la définition d’une nouvelle grille salariale pour les travailleurs du public.
Dimanche 14 février, les deux centrales ont justifié ce débrayage par la position «immuable» du gouvernement sur le prix du carburant.
«Tous les travailleurs de tous les secteurs : public, mixte, privé, informel ainsi que les retraités de Guinée, sur toute l'étendue du territoire, sont invités à respecter le mot d'ordre de grève», ont-elles souligné dans un communiqué conjoint.
Pour sa part, le gouvernement qui craint des conséquences néfastes du mouvement sur l’économie du pays, déjà dans le rouge à cause d’Ebola, a appelé à une reprise des activités et à la poursuite du dialogue. «C'est vrai que la grève va nous affaiblir parce qu’elle va encore ralentir l'économie, diminuer nos recettes et nous mettre plus en difficulté pour régler nos problèmes», a prévenu son porte-parole, le ministre Damantang Albert Camara.
Le pouvoir juge «impossible» toute baisse du prix du carburant, au risque de compromettre les prévisions macroéconomiques établies avec les institutions de Bretton Woods. «Pour le moment, l'hypothèse de la diminution du prix du carburant met en danger notre programme avec le FMI (Fonds monétaire international), et nous projette sur des difficultés beaucoup plus graves que celles que nous vivons aujourd'hui», a-t-il fait savoir.
Pour le premier jour de grève, les activités sont paralysées dans la capitale guinéenne. Boutiques et commerces sont restés fermés à Kaloum, le centre des affaires de Conakry. L’administration publique a ouvert ses portes, mais les fonctionnaires n’ont pas répondu à l’appel, faute de transports en commun et par crainte de violences sur les tronçons routiers.
Tôt le matin, la Banque centrale de Guinée a obligé les banques primaires à ouvrir et à offrir leurs services aux clients. Peine perdue car si les portes ont bien été ouvertes et placées sous haute protection sécuritaire, les guichets, quant à eux, manquaient de caissières. Aucun service n’a été proposé aux rares clients.
Selon les syndicats, le mouvement se poursuit. Les deux parties se disent toutefois prêtes à tout dialogue pouvant permettre un dénouement rapide de la crise.