Guerre au Soudan: la trêve prolongée… sans être respectée

Les affrontements se poursuivent au Soudan, malgré l'annonce par les belligérants d'une prolongation de 72 heures de la trêve.

Les violents affrontements se poursuivent à Khartoum, alors que l’armée et les paramilitaires annoncent dimanche la prolongation d’une trêve peu respectée mais qui a permis les évacuations d’étrangers et de poursuivre les négociations.

Le 01/05/2023 à 07h50

Des millions de Soudanais restent pris au piège des bombardements et des tirs depuis le déclenchement le 15 avril d’une impitoyable guerre de pouvoir entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

La situation est «sans précédent», a estimé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui a décidé d’envoyer dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths.

Quelques heures avant l’expiration dimanche à minuit d’un cessez-le-feu de trois jours, les deux rivaux ont fait état de sa prolongation, conclue «sous médiation des États-Unis et de l’Arabie saoudite», a précisé l’armée soudanaise.

Un premier avion chargé de huit tonnes d’aide et qui devrait permettre de soigner 1.500 personnes a atterri dimanche à Port-Soudan, à 850 km à l’est de Khartoum, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La guerre a fait 528 morts et 4.599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués. Les deux camps s’accusent mutuellement de violer la trêve. Dimanche soir, les combats se poursuivent et les avions de chasse continuent de survoler Khartoum et Omdourman, sa banlieue nord, selon des témoins sur place.

Alors que les combats font rage depuis plus de deux semaines, les habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre malgré les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité. Les autorités de Khartoum ont donné «congé jusqu’à nouvel ordre» aux fonctionnaires de la capitale, tandis que la police assure se déployer dans la ville pour prévenir les pillages.

La plupart des hôpitaux du pays sont hors service. Pour ceux fonctionnant encore, «la situation est intenable» car le matériel manque, affirme à l’AFP Majzoub Saad Ibrahim, médecin à Ad-Damir, au nord de Khartoum. Alors que le drame humanitaire s’aggrave, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a arrêté «la quasi-totalité de (ses) activités» à cause des violences.

Efforts diplomatiques

Selon l’ONU, 75.000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Au moins 20.000 ont fui vers le Tchad, 6.000 vers la Centrafrique et des milliers d’autres vers le Soudan du Sud et l’Ethiopie. Au total, jusqu’à 270.000 personnes pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 États de ce pays de 45 millions d’habitants. Plusieurs pays, dont le Maroc, ont évacué leurs ressortissants et d’autres étrangers.

Sur le front diplomatique, le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane a reçu dimanche un émissaire du général Burhane. Et l’Égypte voisine a appelé à une réunion de la Ligue arabe lundi pour «discuter du Soudan». Pour les experts du Carnegie Middle East Center, le général Daglo cherche à gagner du temps: «plus il pourra tenir longtemps ses positions à Khartoum, plus grand sera son poids à la table des négociations».

Par Le360 (avec AFP)
Le 01/05/2023 à 07h50