Gaza: poursuite des frappes par Israël, critiqué par Washington sur la conduite de la guerre

De la fumée s'élève après un bombardement israélien de la ville de Rafah, dans le sud la bande de Gaza sud, le 6 mai 2024.

Les frappes israéliennes sur la bande de Gaza se poursuivent, malgré les critiques de Washington sur la conduite de la guerre et les risques selon l’ONU d’une «catastrophe humanitaire colossale» dans la ville densément peuplée de Rafah.

Le 11/05/2024 à 08h33

Les frappes israéliennes se sont poursuivies tôt ce samedi dans différents secteurs de la bande de Gaza, faisant des dizaines de morts et de blessés. Les forces aériennes d’Israël ont pris pour cible plusieurs zones du centre de la bande de Gaza, causant la mort d’au moins 24 personnes, d’après l’agence officielle palestinienne Wafa.

Selon la même source, le quartier d’Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Gaza, a subi des dizaines de tirs de l’artillerie israélienne, et 7 personnes ont été tuées, et d’autres sont toujours sous les décombres, suite au bombardement de dizaines de maisons à Jabalia, au nord de la bande de Gaza. À Rafah, l’aviation israélienne a ciblé le quartier d’al-Salam et les environs du point de passage frontalier avec l’Égypte.

Dans un rapport du département d’État américain sur la situation dans ce territoire, au coeur d’une guerre qui s’étire désormais sur plus de sept mois, les États-Unis jugent «raisonnable d’estimer» qu’Israël a violé le droit humanitaire international à Gaza, sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive, et continueront à livrer des armes à ce pays, selon un rapport du département d’État.

En parallèle, une majorité écrasante de l’Assemblée générale de l’ONU a jugé, dans un vote tenu vendredi, que les Palestiniens méritaient d’être membres à part entière de l’organisation, leur octroyant quelques droits supplémentaires, à défaut d’une véritable adhésion bloquée par les États-Unis, premier allié d’Israël.

Des pourparlers indirects visant à arracher une trêve et éviter une offensive majeure sur Rafah se sont achevés jeudi au Caire sans parvenir à un accord, malgré l’acceptation par le Hamas d’une précédente proposition.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu défend une opération à Rafah (sud), où s’entassent d’après l’ONU 1,4 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les opérations militaires israéliennes depuis le 8 octobre 2023. Défiant les mises en garde internationales, l’armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l’est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l’Égypte, verrouillant la principale porte d’entrée pour les convois d’aide humanitaire.

Une vaste opération à Rafah conduirait à une «catastrophe humanitaire colossale», a averti le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, ajoutant que la famine se profilait dans le territoire palestinien. «Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable», a renchéri dans la nuit la diplomatie française.

Le président américain Joe Biden a menacé de cesser certaines livraisons d’armes à Israël en cas d’offensive majeure sur cette ville. Les États-Unis «observent avec préoccupation» l’opération à Rafah, mais ne jugent pas qu’elle soit «majeure» à ce stade, a estimé vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

Selon l’ONU, environ 150.000 personnes ont fui depuis qu’Israël a appelé lundi la population de l’est de Rafah à évacuer certaines zones. «Quelque 30.000 personnes fuient la ville chaque jour», a indiqué le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), précisant que la plupart «ont déjà dû se déplacer à cinq ou six reprises» depuis le début de l’offensive israélienne.

À l’instar d’Oum Soubhi, déplacée de Gaza-ville (nord). «Au début de la guerre, nous sommes allés à Rafah, puis nous avons été déplacés plusieurs fois dans la région de Rafah en raison des menaces, des frappes et de la situation effrayante et terrifiante, avant de venir à Nuseirat (centre)», a-t-elle confiée à l’AFP.

Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah, fermé par Israël pendant trois jours, l’acheminement de l’aide reste «extrêmement difficile», a affirmé à l’AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l’Ocha dans les territoires palestiniens.

Vendredi soir, le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens, a néanmois annoncé «le transfert de 200.000 litres de carburant à des organisations internationales».

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.943 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, près de 500 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

L’Égypte a exhorté vendredi le Hamas et Israël à faire preuve de «flexibilité» alors que les efforts des médiateurs «se poursuivent» en vue d’une trêve selon le média Al-Qahera News malgré le départ du Caire des délégations des deux belligérants.

Pour le Hamas, le rejet par Israël de cette proposition ramène les négociations «à la case départ». Lundi, le mouvement avait donné son feu vert à un accord en trois phases de 42 jours, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens, en vue d’un «cessez-le-feu permanent».

Par Le360 (avec AFP)
Le 11/05/2024 à 08h33