«Le mouvement a livré sa réponse aux frères du Qatar et aux médiateurs. Nous nous approchons de la conclusion d’un accord de trêve», a déclaré mardi le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, dans un bref message en arabe envoyé par son bureau à l’AFP. Selon des sources au sein du Hamas et du Jihad Islamique, second groupe armé palestinien, les deux mouvements ont bien accepté un accord dont les détails doivent être annoncés par le Qatar et les médiateurs. Le gouvernement israélien n’a pas réagi dans l’immédiat à ces déclarations.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, avait rencontré lundi soir des dirigeants du Qatar ainsi que M. Haniyeh, basé dans l’émirat du Golfe, afin d’«avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza». Le Qatar, l’Égypte et les États-Unis oeuvrent à un accord pour tenter de libérer des otages enlevés en Israël par le Hamas en échange notamment d’une trêve dans la bande de Gaza.
Si le CICR a assuré ne pas participer à ces pourparlers, il a insisté pour que ses «équipes soient autorisées à rendre visite aux otages afin de s’assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles», selon un communiqué.
Libération contre trêve et aide humanitaire
Deux sources proches du dossier ont indiqué mardi à l’AFP que les pourparlers portaient sur un accord portant sur la libération de «50 à 100» otages en échange de la libération de 300 prisonniers palestiniens en Israël, dont des enfants et des femmes. Le transfert se ferait par étape à raison de «dix» otages israéliens contre «trente» prisonniers palestiniens par jour et comprendrait l’entrée de nourriture, d’aide médicale et de carburant et surtout une «trêve humanitaire de cinq jours renouvelable».
Mais Israël insiste sur le «regroupement familial» -ce qui signifie que si un civil était libéré, son partenaire le serait également, même s’il était soldat -ce que le Hamas, opposé à la libération de militaires, refuse pour le moment, selon ces deux sources.
En Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités, dans l’attaque du Hamas , le 7 octobre dernier. En représailles, Israël pilonne sans relâche le territoire palestinien, où son armée mène également depuis le 27 octobre une offensive terrestre. Dans la bande de Gaza, plus de 13.300 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées par les bombardements israéliens, dont plus de 5.600 enfants, selon le gouvernement du Hamas.
D’après l’ONU, près de 1,7 million des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre à un «siège complet» par Israël, qui bloque les livraisons de nourriture, d’eau, d’électricité et de médicaments.
Attaques sur l’hôpital indonésien
L’armée israélienne a indiqué dans la nuit que ses soldats «continuaient de combattre» dans le nord de la bande de Gaza alors que des sources palestiniennes faisaient état de tensions à l’hôpital indonésien, cible la veille de frappes israéliennes «ayant tué 12 patients et leurs proches» et fait «des dizaines de blessés» selon le Hamas.
Le mouvement palestinien ne cesse de répéter qu’Israël mène «une guerre contre les hôpitaux» de Gaza, dont la quasi-totalité dans le nord du territoire ne fonctionne plus. Israël accuse de son côté le Hamas de se servir des hôpitaux à des fins militaires, ce que le mouvement palestinien dément.
La cheffe de la diplomatie indonésienne Retno Marsudi a condamné cette «attaque israélienne (...) qui a tué de nombreux civils et est une violation claire du droit humanitaire international». D’après des sources hospitalières locales, plus d’une centaine de blessés ont été transférés dans la soirée et la nuit de cet hôpital vers le complexe Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
«Nous nous en sommes sortis miraculeusement. Une frappe a touché l’école (où les déplacés se sont réfugiés, NDLR)», a témoigné à l’AFP un jeune homme transféré. «Nous étions à l’école Zeitoune dans la ville de Gaza, et de l’école nous sommes allés à l’hôpital indonésien. Je n’arrive tout simplement pas (à parler)».
Lundi, 28 bébés prématurés évacués au cours du week-end de l’hôpital Al-Chifa, le plus grand de Gaza et pris d’assaut le 15 novembre par l’armée israélienne, ont été transférés en «toute sécurité» en Égypte, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le président russe Vladimir Poutine doit participer mardi à une réunion virtuelle des pays émergents des Brics consacrée à la guerre à Gaza, pendant que son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov doit recevoir à Moscou ses homologues de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique.