Gaza: Israël poursuit son offensive, échec de l’appel au cessez-le-feu à l’ONU

De la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments lors d'un bombardement israélien sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 décembre 2023.. AFP or licensors

Israël maintient son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza samedi, après le véto américain à une résolution sans précédent du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat».

Le 09/12/2023 à 07h33

Israël maintient son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza samedi, après le véto américain à une résolution sans précédent du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat». Le Hamas a «fermement condamné» samedi le véto américain, le qualifiant de «position immorale et inhumaine» et de «participation directe» aux «massacres», selon Ezzat al-Rishq, haut-responsable politique du mouvement.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont tué 17.487 personnes, pour plus des deux tiers des femmes et des enfants, selon un dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas. Sur la ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, une frappe israélienne a tué six personnes, tandis que cinq autres sont mortes dans une attaque distincte à Rafah, a affirmé le ministère du Hamas samedi.

L’attaque menée le 7 octobre en Israélien par le Hamas a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes, et environ 240 personnes ont été prises en otage, dont 138 restent captives.

Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont dû quitter leur foyer pour tenter de fuir les bombardements israéliens.

«Échec moral»

Le véto américain vendredi devant le conseil de sécurité de l’ONU a été rapidement condamné par les organisations humanitaires, Médecins sans frontières (MSF) déclarant que l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend «complice du massacre» dans la bande de Gaza.

Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a également fustigé «l’échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution visant à mettre fin à l’agression contre notre peuple dans la bande de Gaza en raison de l’utilisation par les États-Unis de leur droit de véto», qu’il a qualifié de «nouveau blanc-seing donné à l’État occupant pour massacrer, détruire et déplacer».

À l’ONU, l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood a justifié le véto américain. «Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre», a-t-il déclaré vendredi. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a estimé de son côté que le cessez-le-feu «empêcherait l’effondrement» du Hamas, et «lui permettrait de continuer à diriger la bande de Gaza».

«Contexte humanitaire cauchemardesque»

L’armée israélienne a déclaré vendredi avoir frappé «plus de 450 cibles» en 24 heures à Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 40 morts près de la ville de Gaza, au nord, et de dizaines d’autres à Jabalia et à Khan Younès, au sud.

Après deux mois de conflit et de bombardements, le chef de l’ONU Antonio Guterres a déclaré que «la population de Gaza regarde vers l’abîme». «Les gens sont désespérés, effrayés et en colère», a-t-il déploré vendredi, soulignant que «tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque». Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis déplacés par la guerre se sont dirigés vers le sud, transformant Rafah, le long de la frontière fermée avec l’Égypte, en un vaste camp de réfugiés.

Pendant que le nombre de décès de personnels médical et humanitaire dans le conflit s’alourdit, un projet de résolution soumis à l’OMS par 17 pays membres et la Palestine, au statut particulier, a exigé vendredi qu’Israël «respecte et protège» les travailleurs médicaux et humanitaires chargés exclusivement de tâches médicales, ainsi que les hôpitaux et autres installations médicales. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi.

Face au nombre croissant de victimes civiles, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré vendredi à la presse que Washington estimait qu’Israël devait faire davantage pour protéger les civils dans le conflit. «Il est possible de faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles. Et nous allons continuer à travailler avec nos homologues israéliens à cette fin», a-t-il déclaré.

Attaque de l’ambassade américaine

Le bilan s’est également alourdi en Cisjordanie occupée par Israël, où les forces israéliennes ont tué six Palestiniens vendredi, selon le ministère de la Santé du territoire. Depuis le début de la guerre, près de 270 palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens dans ce territoire où le Hamas n’est pas actif.

Une attaque contre l’ambassade américaine en Irak vendredi a renforcé les craintes d’un conflit régional plus large. Des salves de roquettes ont été lancées contre la mission dans la zone verte lourdement sécurisée de Bagdad, s’ajoutant à des dizaines de récentes frappes de roquettes et de drones contre les forces américaines ou de la coalition en Irak et en Syrie.

Par ailleurs, trois combattants du Hezbollah et un Syrien ont été tués vendredi dans une frappe de drone israélienne sur leur voiture dans le sud de la Syrie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Par Le360 (avec AFP)
Le 09/12/2023 à 07h33