Gaza: intenses frappes israéliennes, situation humanitaire critique

De la fumée s'élevant au-dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, lors d'un bombardement israélien, le 15 janvier 2024.. AFP or licensors

L’armée israélienne a encore bombardé dimanche la bande de Gaza, dont la population vit une situation humanitaire critique, tandis que la poursuite du conflit exacerbe les tensions régionales.

Le 15/01/2024 à 07h51

Plus de 60 Palestiniens ont été tués à travers la bande de Gaza dans des bombardements israéliens «intenses» menés dans la nuit de dimanche à lundi, selon un communiqué du gouvernement du Hamas. «Plus de 60 martyrs et des dizaines de blessés dans de nouveaux massacres commis cette nuit et à l’aube par les forces d’occupation», écrit le Bureau de presse.

Les frappes et les bombardements d’artillerie ont visé les villes de Khan Younès et Rafah (sud de la bande de Gaza), où l’armée israélienne concentre désormais son offensive, et où sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par les bombardements.

Dans le territoire sous blocus israélien depuis 17 ans, et soumis à un siège total depuis trois mois, 2,4 millions d’habitants manquent de tout, eau, nourriture, médicaments, électricité et carburant. L’ONU estime que 1,9 million de personnes ont dû quitter leur foyer dans l’enclave palestinienne, où les télécommunications sont totalement coupées depuis 48 heures.

Israël a déclaré que 237 camions d’aide humanitaire ont été inspectés et sont entrés dans la bande de Gaza le dimanche 14 janvier. Il s’agit du «nombre le plus élevé» de camions ayant pu accéder au territoire palestinien depuis le début de la guerre le 7 octobre.

À Rafah, Liga Jabr, adolescente en 1948, dit se souvenir de la Nakba, la «catastrophe» que fut pour les Palestiniens le déplacement et l’expulsion d’environ 760.000 d’entre eux de leurs terres à la création de l’État d’Israël. Mais «cette guerre est plus dure que tous les déplacements» de population qu’elle a connus, dit-elle à l’AFP.

Yazan Al Zawidi, un vidéojournaliste palestinien de 28 ans de la chaîne de télévision arabe Al-Ghad, basée au Caire, a été tué dimanche dans le nord de Gaza par une frappe israélienne, a par ailleurs annoncé ce média, portant à plus d’une centaine le nombre de journalistes palestinien tués dans les bombardements israéliens.

Entrée dimanche dans son 100ème jour, la guerre entre Israël et le Hamas a entraîné la mort d’environ 1.140 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Quelque 250 personnes ont été prises en otages lors de cette attaque, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tuées, selon les autorités israéliennes. La branche militaire du Hamas a affirmé dans la soirée que beaucoup d’otages ont «probablement été tués récemment», les autres étant «en grand danger», ce dont elle a rejeté la «pleine responsabilité» sur Israël.

En représailles, les bombardements et les opérations au sol de l’armée israéliennes ont entraîné la mort de 24.000 Palestiniens dans la bande de Gaza, en majorité des civils, principalement des femmes, des adolescents et des enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, l’armée israélienne a fait état de l’arrestation de deux sœurs du numéro deux du mouvement palestinien Saleh Al Arouri, tué le 2 janvier au Liban par une attaque de drone attribuée à l’armée israélienne. Cinq Palestiniens ont été tués dimanche par l’armée israélienne, dont un adolescent de 16 ans près de Jéricho, a indiqué le ministère de la Santé palestinien, qui décompte plus de 330 Palestiniens tués par les soldats ou les colons israéliens depuis le 7 octobre.

Le conflit nourrit aussi les violences régionales entre Israël et des groupes armés soutenant le Hamas. L’armée israélienne a annoncé avoir tué dimanche trois hommes armés infiltrés sur son territoire, dans la région frontalière avec le Liban, où deux civils israéliens ont également péri dans un tir de missile venu du pays voisin.

Les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens depuis le 7 octobre. Hassan Nasrallah, le chef du mouvement libanais, a estimé dimanche qu’Israël n’avait «remporté aucune victoire réelle ou semblant de victoire» à Gaza.

Les tensions se sont aussi accentuées en mer Rouge où les rebelles yéménites Houthis soutenus par l’Iran attaquent des navires qui seraient liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené vendredi et samedi des frappes contre des sites Houthis.

Les médias houthis ont fait état dimanche soir de nouvelles frappes anglo-américaines sur Hodeida (ouest), mais Washington a immédiatement démenti, annonçant que l’armée américaine a abattu un missile de croisière ciblant un destroyer américain, tiré depuis une zone du Yémen contrôlée par les Houthis.


Par Le360 (avec AFP)
Le 15/01/2024 à 07h51