De violents combats ont eu lieu dimanche dans le centre de Gaza-Ville, avec des tirs de lance-roquettes des combattants palestiniens répondant à ceux des chars israéliens, alors que les frappes aériennes se sont intensifiées en soirée, ciblant notamment le camp de réfugiés de Jabaliya.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 41 membres d’une même famille ont été tués par une frappe israélienne sur leur maison à Jabaliya. L’agence palestinienne Wafa a fait état d’une frappe dans la nuit sur l’hôpital indonésien, au nord de Gaza-ville, alors que le Hamas faisait état de bombardements par des tanks israéliens.
L’armée israélienne a affirmé continuer «à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza», notamment dans le secteur de Jabaliya. Cinq soldats ont été tués, portant à 64 le nombre de militaires tués à Gaza depuis le début de la guerre, d’après l’armée.
Bébés prématurés évacués
Au cours des derniers jours, la tension s’est concentrée sur l’hôpital Al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, désormais sous le contrôle de l’armée israélienne qui a dit avoir découvert un tunnel long de 55 mètres contenant des «lance- grenades, des explosifs et des Kalachnikov». L’armée israélienne a diffusé dimanche soir des images présentées comme venant des caméras de surveillance de l’hôpital Al-Chifa de Gaza et montrant selon elle des otages enlevés le 7 octobre.
Plus de 30 bébés prématurés ont été évacués dimanche de l’hôpital vers Rafah (sud de Gaza), pour recevoir «des soins urgents dans l’unité de soins intensifs néonatals», a indiqué le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
«Ces bébés ont beaucoup souffert» et ont subi des «séquelles importantes», a expliqué à la presse le directeur général des hôpitaux de la bande de Gaza, Mohammed Zaqout, indiquant que huit bébés étaient morts par manque de soins, à cause de l’absence d’électricité, avant leur transfert dont deux dimanche matin.
Samedi, le chef de l’OMS avait décrit l’hôpital Al-Chifa comme une «zone de mort» où la situation était «désespérée» en raison du manque d’eau, d’électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical. L’organisation onusienne prépare l’évacuation vers d’autres hôpitaux de Gaza des 291 patients restants, incapables de se déplacer sans assistance médicale.
«Trop» de victimes civiles
La guerre a été déclenchée par l’attaque du Hamas, le 7 octobre, où 1.200 personnes ont été tuées, en grande majorité des civils. En représailles, Israël a pilonné sans relâche le petit territoire, l’ampleur des destructions et le bilan des victimes suscitant les réprobations d’une grande partie de la communauté internationale. Au total, plus 13.000 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, en grande majorité des civils, dont plus de 5.500 enfants, selon le mouvement palestinien et des organisations onusiennes.
L’ONU estime que plus des deux tiers des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre dans le territoire soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» par Israël, qui bloque les livraisons d’eau, de nourriture, d’électricité et de médicaments.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a condamné dimanche les «événements horribles» ce week-end à Gaza, estimant que certaines actions de l’armée israélienne comme la frappe sur l’école de Jabaliya pourraient constituer des «crimes de guerre».
Dimanche soir, Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que 122 patients sont arrivés en «quelques minutes» à l’hôpital Nasser de Khan Younès (sud de Gaza) après une frappe israélienne à environ un kilomètre de ce complexe où l’ONG est déployée.
Le président français Emmanuel Macron a interpellé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur les «trop nombreuses pertes civiles» à Gaza, selon l’Elysée. «Une catastrophe humanitaire se déroule à Gaza», a déclaré le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi qui accueille notamment lundi les ministres des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, de l’Indonésie, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et de la Jordanie.
Trêve contre libération des otages?
En parallèle du 45ème jour de la guerre, les négociations avancent sur la libération d’otages parmi les 240 personnes enlevées et ramenées par le Hamas à Gaza le 7 octobre. Dimanche, le Qatar, qui mène une médiation, a affirmé qu’il ne restait que des obstacles «très mineurs», notamment «logistiques» et «pratiques» en vue d’un accord, sans fournir de calendrier.
L’adjoint au conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, Jon Finer, a estimé sur NBC que l’accord était «plus proche que jamais» et incluait la libération de «plusieurs dizaines» d’otages contre une «période prolongée de pause, plusieurs jours» dans les combats.