Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, le bombardement mardi du camp de Jabaliya (116.000 réfugiés), dans le nord du territoire, a fait plus de 50 morts et des centaines de blessés. «C’était une scène de tremblement de terre», a rapporté à l’AFP un habitant du camp, Ragheb Aqel, âgé de 41 ans.
L’armée israélienne a confirmé ce bombardement précisant qu’il avait visé Ibrahim Biari, présenté comme un des responsables de l’attaque du 7 octobre du Hamas contre Israël, et qui se trouvait dans «un vaste complexe de tunnels souterrains d’où il dirigeait les opérations».
Concernant les victimes civils, l’armée israélienne déclare avoir appelé à évacuer le nord de la bande de Gaza, une «zone de guerre», vers «les zones plus sûres du sud». Mais le sud est aussi régulièrement soumis aux bombardements israéliens depuis le début du conflit, ne laissant «aucun endroit sûr» où se réfugier, ont dénoncé l’ONU et les organisations humanitaires.
Rappel d’ambassadeurs
L’Arabie saoudite a condamné mercredi «avec la plus grande fermeté» le bombardement sur Jabaliya, qui «a tué et blessé un grand nombre de civils innocents». Le Qatar, impliqué dans les tentatives de résolution de la crise des otages aux mains du Hamas, a condamné «un nouveau massacre». La Bolivie a annoncé rompre ses relations diplomatiques avec Israël, alors que le Chili et la Colombie ont eux annoncé rappeler leurs ambassadeurs à Tel-Aviv.
L’offensive israélienne, déclenchée après l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, a déjà fait 8.525 personnes côté palestinien, en majorité des civils. La bande de Gaza, où 3.542 enfants sont décédés, d’après les autorités locales, est devenue «un cimetière pour des milliers d’enfants», ont déploré les Nations unies.
Depuis ce week-end, l’armée israélienne déploie progressivement des troupes au sol à Gaza, où des «combats féroces» les opposent au Hamas, et intensifie ses frappes aériennes. De son côté, la branche militaire du Hamas a promis de faire de la bande de Gaza «un cimetière et un bourbier» pour les soldats israéliens.
Coupés du monde
En Israël, d’après les autorités, plus de 1.400 personnes sont mortes depuis le 7 octobre, essentiellement des civils tués le jour de l’attaque du Hamas. Au moins 240 otages et prisonniers sont encore aux mains du Hamas. Ce dernier a assuré mardi qu’il se tenait prêt à libérer «un certain nombre d’étrangers dans les prochains jours».
Près d’un mois après le début de la guerre, les appels à une «trêve humanitaire» pour soulager les souffrances des 2,4 millions d’habitants de Gaza, soumis à un siège qui les prive de livraisons d’eau, de nourriture et d’électricité, restent sans suite. L’opérateur télécom palestinien Paltel a annoncé mercredi par ailleurs une coupure totale des lignes téléphoniques et d’Internet.
Le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a imploré mardi le Conseil de sécurité de «surmonter» ses fractures afin d’«exiger un cessez-le-feu». «Le minimum qu’ils pourraient nous accorder, c’est une trêve, donnez-nous ne serait-ce que trois heures», supplie Ahmed al-Kahlout, 50 ans, à Gaza-ville.
Selon le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, 70 camions d’aide humanitaire sont entrés à Gaza mardi. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a évoqué lui 143 camions entrés depuis le 21 octobre.
Les tensions sont également exacerbées en Cisjordanie occupée, où au moins 122 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats et de colons israélien. Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a «fermement» condamné mardi les attaques commises «par des colons israéliens contre des Palestiniens».
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken doit se rendre vendredi en Israël, dans le cadre d’une nouvelle tournée régionale. Lors d’une audition mardi au Congrès, il a affirmé que l’Autorité palestinienne devrait reprendre au Hamas le contrôle de la bande de Gaza, et que des tierces parties internationales pourraient peut-être jouer un rôle lors d’une période intérimaire.