Parler d’une seule voix, c’est ce que l’opposition gabonaise n’arrive toujours pas encore à faire, alors que la présidentielle approche à grandes enjambées. En tout cas, selon plusieurs observateurs, de la scène politique gabonaise, il faudra bien qu'elle fasse front commun si elle entend faire barrage au parti du président sortant, et candidat à sa propre réélection, Ali Bongo.
La discorde a atteint un point tel que gabonreview.com s’interroge dans sa publication du 25 janvier sur la stratégie de l’opposition dans les mois à venir. «La réunion du Front de l’opposition pour l’alternance, annoncée pour le 27 janvier prochain, aura-t-elle lieu ?», se demande le journal en ligne.
Cette réunion est censée ouvrir des discussions franches et sans tabou, mais sa tenue pourrait être compromise par la démission de certains membres du bureau de cette plate-forme de l’opposition, la semaine dernière.
Dans la liste des démissionnaires figure Philibert Andzembe, vice-président Front et proche de Jean Ping, qui accuse le président en exercice de développer une stratégie indéchiffrable, estimant que ses différentes sorties sont injurieuses pour les autres membres autant qu’elles mettent à mal la cohésion du Front. La crise est donc en train s’installer progressivement.
«Le président n’est pas un organe du Front», a-t-il d’ailleurs déclaré. Pour lui, il s’agit, ni plus ni moins, d’un titre fabriqué de toutes pièces par le président du Front, Pierre-André Kombila lui-même», souligne gabonreview.com. «Kombila ne peut plus parler au nom du bureau de la conférence», a-t-il affirmé, ajoutant que ce dernier refuse de se concerter avec les autres membres du bureau, préférant émettre des avis personnels sans prendre le soin d’écouter les opinions des autres pour lesquels il n’aurait que du mépris.
Il a invité les membres du Front à se réunir dans les meilleurs délais pour l’élection d’un nouveau bureau. Selon Philibert Andzembe, c’est sans nul doute «le cas Jean Ping» qui dérange le président en exercice et tous ceux qui n’ont pas pris part à la supposée désignation de l’ancien président de la commission de l’Union africaine comme candidat unique.
Rappelons que Jean Ping a effectivement été désigné candidat unique du front à la prochaine présidentielle pour affronter Ali Bongo, mais ce choix, plusieurs ténors de la coalition ne l’ont pas accepté. «Les manœuvres de Kombila et ses amis depuis 2014 n’avaient pour principal objectif que celui de bloquer la désignation de Jean Ping comme candidat du Front et, partant, de l’opposition, pour espérer se positionner eux-mêmes à la suite d’une longue période de transition négociée avec le régime en place», a-t-il soutenu.
«Convaincus que nous ne mangerons pas de ce pain-là, ils ont déplacé la ligne de démarcation et fait de nous leur ennemi principal en lieu et place de Bongo Ondimba», a-t-il poursuivi. Il va sans dire que cette crise profite énormément au camp du président sortant, qui de son côté, est sur le terrain depuis des mois pour mobiliser ses partisans.