Ce "plan national de prévention de la radicalisation", promis en octobre par le président Emmanuel Macron et qui fait suite à plusieurs autres, comportera une soixantaine de mesures, selon les services du Premier ministre. Il sera dévoilé à la mi-journée à Lille (nord) par le Premier ministre Edouard Philippe, à l'issue d'un comité réunissant une dizaine de membres du gouvernement.
Le volet le plus attendu concerne les prisons. En janvier, la violente agression d'un surveillant par un détenu radicalisé à Vendin-le-Vieil (nord) avait déclenché un mouvement national de protestation des gardiens de prison. Sur près de 70.000 détenus en France, 512 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits de terrorisme. Par ailleurs, 1.139 prisonniers de droit commun ont été identifiés comme "radicalisés".
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Le gouvernement veut prévenir la "contagion". Selon des sources gouvernementales, le Premier ministre doit annoncer des mesures renforçant "l'étanchéité" entre les détenus radicalisés et les autres, ainsi qu'une meilleure détection et répartition, pour décongestionner les maisons d'arrêt de la région parisienne où sont incarcérés 60% des détenus poursuivis pour actes de terrorisme.
Avant la réunion gouvernementale, la ministre française de la Justice Nicole Belloubet doit se rendre vendredi matin dans une prison de la région lilloise, où se trouve un quartier pionnier de prise en charge de la radicalisation. Une des pistes pour éviter que les cadres prosélytes des réseaux jihadistes n'entrent en contact avec les détenus de droit commun.
Concernant les mineurs de retour de zones de guerre jihadiste, le Premier ministre français devrait notamment lancer le chantier de la professionnalisation des personnels amenés à prendre en charge des "lionceaux du Califat" de retour de Syrie ou d'Irak après avoir été embrigadés par le groupe Etat islamique (EI). Au dernier pointage officiel, 68 mineurs, en quasi-totalité de moins de 13 ans, sont de retour en France. Quelque 500 seraient encore au Levant.
Mais l'Exécutif a aussi pris soin de développer un large volet de prévention, conscient que la "déradicalisation" ou, vocable plus prudent, le "désengagement", s'avèrent très difficiles. Les difficultés des autorités françaises à trouver une parade efficace avaient été symbolisées par l'échec du premier centre de "déradicalisation" qui n'avait accueilli personne car il était basé sur le volontariat.
Sur un volet éducatif, outre des mesures de soutien à la laïcité à l'école et d'éducation aux médias (anticomplotisme...), le gouvernement devrait confirmer son soutien à une proposition venue du Sénat de durcir les conditions d'ouverture d'établissements scolaires hors contrat, afin de combattre l'émergence de structures islamistes.
En appui de la campagne "Stop Jihadisme" lancée en 2016, le gouvernement réfléchit aussi à des dispositifs de contre-discours plus ciblés, ou encore à mieux coordonner les alertes sur la radicalisation dans les structures psychiatriques. Un volet du plan doit également favoriser une meilleure détection des cas de radicalisation, chez les élèves, parmi les fonctionnaires ou encore dans le sport, selon des sources proches du gouvernement.
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Après la présentation du plan à Lille, le Premier ministre doit clore son déplacement vendredi après-midi dans une usine près de Roubaix (nord) et sur le campus d'une grande école de commerce lilloise. Il doit annoncer des mesures pour relancer les exportations françaises, gros point noir de l'économie nationale, en favorisant notamment l'apprentissage de l'anglais et en instaurant des guichets uniques.
Le déficit commercial français s'est nettement dégradé en 2016 et 2017, pour atteindre 62,3 milliards d'euros l'an dernier.