Quelques heures après avoir réuni des dizaines de milliers de personnes place du Trocadéro, face à la Tour Eiffel, le candidat de la droite s'est voulu très clair dimanche soir au journal télévisé de la chaîne de télévision publique France 2: "Non", il ne retira pas sa candidature, et oui, il est le "seul à pouvoir décider" d'un quelconque retrait.
Accusé d'être bunkerisé et de ne plus écouter personne, il a répété à plusieurs reprises qu'il n'était "pas autiste".
A peine le journal télévisé terminé, Alain Juppé, lui aussi ancien Premier ministre, qu'une partie de la droite presse de prendre la place de Franàois Fillon, a réagi sur Twitter en annonçant une déclaration à la presse pour lundi 10h30 (09h30 GMT) depuis sa mairie de Bordeaux (sud-ouest).
Que va-t-il faire ? Tout laisser tomber ou finalement se lancer malgré le maintien du vainqueur de la primaire de la droite et du centre ? Mystère!
"Juppé va dire que les conditions ne sont pas réunies et c'en sera fini du plan B", se désolait déjà dimanche soir un élu du parti Les Républicains (LR), le parti de Fillon. "Juppé va renoncer", prédisait aussi un ex-ministre.
Lui-même interrogé sur une candidature alternative d'Alain Juppé, qu'il avait sèchement battu fin novembre au deuxième tour de la primaire, François Fillon a lâché: "Si les électeurs de la droite et du centre avaient voulu Alain Juppé, ils auraient voté pour Alain Juppé".
Quelques heures après l'intervention de Juppé, le feuilleton se poursuivra avec à Paris un Comité politique de LR, à 18h00 (17h00 GMT). Si François Fillon sera là, il n'en sera peut-être pas de même pour Alain Juppé, si celui-ci décidait de rester à Bordeaux.
Que sortira-t-il de cette réunion ? Dès son intervention sur France 2 dimanche soir, Fillon a en tout cas marqué son indépendance: "Ce n'est pas le parti qui va décider (...). Naturellement, je parle avec tous ceux qui veulent parler avec moi, mais (personne ne va) prendre la décision à ma place. Je suis le seul à pouvoir le faire".
Lâché par plus de trois cents élus LR, son directeur de cabinet et son porte-parole, le candidat de la droite tient tête. Il proposera "dans les prochains jours" une équipe qui, promet-il, montrera qu'il est "capable de rassembler".
Quant à son affirmation selon laquelle "200.000" de ses supporters étaient venus le soutenir, au Trocadéro, elle a semblé contredite par la police qui lui a opposé dimanche soir une jauge maximale de 40.000 personnes pour cette place faisant face à la "Dame de fer".
Reconnaissant sa "part de responsabilité" dans l'"épreuve" qu'il traverse, François Fillon, qui avait fêté son 63ème anniversaire samedi, s'est adressé dimanche aux héritiers de "la France des paysans, la France des cathédrales, des châteaux et des sans-culottes".
Et s'il a encore dénoncé une "chasse à l'homme", il a atténué le ton de ses critiques envers la justice, qui enquête notamment sur la véracité du travail de son épouse Pénélope comme son assistante parlementaire, durant des années.
Reste que la droite est de plus en plus inquiète d'une possible nouvelle défaite, cinq ans après l'échec du président sortant Nicolas Sarkozy face au socialiste François Hollande. Et les sondages ne sont pas pour la rassurer.
Selon les chiffres de l'enquête Sofres publiée dimanche soir, Alain Juppé, avec 24,5%, serait lui qualifié pour le second tour du 7 mai, s'il était candidat, derrière la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen (27%).
Franàois Fillon, en chute libre à 17%, serait par contre éliminé dès le premier tour, le 23 avril, largement distancé par Marine Le Pen (26%) ainsi que par Emmanuel Macron (25%), un ancien ministre de François Hollande désormais repositionné au centre.