La première ministre française Élisabeth Borne a remis la démission du gouvernement au président Emmanuel Macron qui l’a acceptée, a annoncé l’Élysée. Le chef de l’État l’a remerciée sur le réseau social X «de tout coeur» pour son travail «exemplaire» au «service de la Nation» .
La Première ministre était restée plus tôt dans l’après-midi un peu moins d’une heure auprès du chef de l’Etat avant de regagner son bureau avec un sourire crispé, sans mot dire. Ses vingt mois à la tête du gouvernement ont été marqués par l’adoption de la réforme impopulaire des retraites et de la loi controversée sur l’immigration.
Après avoir surmonté près d’une trentaine de motions de censure à l’Assemblée nationale, Élisabeth Borne, 62 ans, est souvent décrite comme usée par ses propres alliés. Son sort était en suspens ces derniers jours, beaucoup de proches d’Emmanuel Macron misant sur un vaste chamboule-tout gouvernemental avec son propre départ.
Gabriel Attal, chef de gouvernement à 34 ans?
L’Elysée n’a pas annoncé immédiatement le nom de son successeur. Mais Gabriel Attal, 34 ans, est remonté en flèche lundi dans les pronostics de la macronie pour lui succéder à Matignon, ce qui en ferait le plus jeune Premier ministre de la Vème République, battant le record du socialiste Laurent Fabius nommé à 37 ans en 1984.
C’est lui qui devrait être chargé de former le prochain gouvernement, a assuré auprès de l’AFP un proche de l’exécutif. Si sa jeunesse et sa nomination récente à l’Éducation nationale étaient invoquées ces derniers jours par plusieurs conseillers pour écarter l’hypothèse de sa nomination, les mêmes arguments justifient aujourd’hui sa possible promotion.
«La jeunesse, la cote dans l’opinion et la capacité réelle ou supposée à conduire la campagne gouvernementale des européennes ont fait la différence», croit savoir la même source, en référence au scrutin de juin pour lequel le camp présidentiel est pour l’instant distancé dans les sondages par le Rassemblement national (RN).
«Créé de toutes pièces par Macron»
«Il est populaire, jeune, et c’est quelqu’un créé de toutes pièces par Macron», abonde aussi une ministre, tout en précisant ne pas avoir confirmation du choix du président.
Jusque-là, tous décrivaient une course à deux: Julien Denormandie, 43 ans, marcheur de la première heure; et Sébastien Lecornu, 37 ans, actuel ministre des Armées issu de la droite, qui s’est au fil des années taillé une place dans le cercle des conseillers politiques du président.
Par rapport à ces deux figures peu connues du grand public, Gabriel Attal affiche un profil plus politique. Sa cote de popularité est montée rapidement ces derniers mois, jusqu’à en faire une des personnalités politiques préférées des Français. De quoi offrir enfin à Emmanuel Macron l’élan que son second quinquennat n’a jamais trouvé.
Le choix du successeur d’Elisabeth Borne est loin d’être neutre pour maintenir l’équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par les divisions sur la loi immigration. Si le patron des députés Renaissance, Sylvain Maillard, a assuré sur LCI que ses troupes «travailleront en toute loyauté» avec le prochain Premier ministre, d’autres redoutent un coup de barre à droite. C’est le cas de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, qui a estimé sur Franceinfo que «sortir l’aile gauche de la majorité, ce serait faire le jeu des oppositions».
Allié de poids du chef de l’Etat, le patron du MoDem François Bayrou avait montré des réticences à une nomination de Sébastien Lecornu, selon lui, en contradiction avec cette idée d’un dépassement du clivage droite-gauche. À cet égard, une nomination de Gabriel Attal, également macroniste de la première heure, offrirait des garanties aux tenants de l’aile gauche de la majorité.