France: le gouvernement Bayrou confronté à une première motion de censure

Le Premier ministre français François Bayrou, lors de son discours de politique générale au Sénat, à Paris, le 15 janvier 2025. AFP or licensors

Le nouveau Premier ministre français François Bayrou fait face ce jeudi à l’examen à l’Assemblée nationale d’une motion de censure. Déposée par le Parti de gauche La France insoumise, elle a peu de chances d’aboutir.

Le 16/01/2025 à 07h34

Le nouveau Premier ministre français François Bayrou fait face à un premier test jeudi avec l’examen à l’Assemblée nationale d’une motion de censure qui a peu de chances d’être adoptée, mais qui donnera une idée des rapports de force avant l’épreuve du budget.

Dans un contexte d’instabilité inédite depuis des décennies, et alors que la France n’a toujours pas de budget pour cette année, les députés examinent dans l’après-midi la 150ème motion de censure de la 5ème République, en vigueur depuis 1958.

Le texte a été déposé par la France insoumise (LFI, gauche) contre le gouvernement minoritaire formé par le centriste, devenu il y a un mois le quatrième Premier ministre en France en un an. Il a également été signé par des députés communistes et écologistes. Au Parti socialiste (PS), malgré de longues discussions, la décision de voter ou non la motion de censure a finalement été repoussée à jeudi.

Les 66 élus socialistes devront déterminer si les concessions du gouvernement, notamment l’annonce d’une négociation entre partenaires sociaux sur la question des retraites pour réviser la réforme de 2023 et l’abandon de 4.000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale, seront suffisantes pour arracher leur non-censure.

François Bayrou, 73 ans, navigue sur une scène politique éclatée issue des législatives anticipées, organisées après la dissolution surprise de l’Assemblée par le président Emmanuel Macron en juin. L’hémicycle se trouve désormais fracturé en trois blocs, aucun ne disposant de la majorité absolue: alliance de gauche, macronistes et centristes, et extrême droite.

Le nouveau premier ministre cherche à éviter de subir le même sort que son prédécesseur Michel Barnier, dont le gouvernement a été renversé au bout de trois mois par une alliance des députés de gauche et d’extrême droite.

Clarification

Alors que Michel Barnier avait tenté en vain d’obtenir un engagement de «non-censure» de l’extrême droite, François Bayrou mise lui sur les socialistes. Si le PS choisissait de voter la censure jeudi après-midi, le gouvernement ne tomberait pas pour autant, car le Rassemblement national (RN, extrême droite) a décidé de ne pas s’y associer. Impossible alors pour ce texte d’atteindre les 288 voix nécessaires à son adoption.

Le vote de jeudi servira surtout à clarifier les rapports de force à gauche, et le positionnement du PS vis-à-vis du gouvernement Bayrou, à l’approche des échéances décisives des budgets de l’État et de la sécurité sociale.

«Le compte n’y était pas à l’Assemblée nationale, ni hier, ni encore aujourd’hui aux questions au gouvernement», a mis en garde mercredi le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner. Il a donc lancé avec eux d’intenses tractations centrées sur la réforme des retraites, qui avait provoqué de grandes manifestations en 2023, en relevant de 62 à 64 ans l’âge de départ.

Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, François Bayrou a aussi pour défi de faire passer un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers. Il a annoncé que son gouvernement visait un déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre 6,1% attendus pour 2024. La France a affiché la pire performance des pays membres de l’UE, à l’exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l’Union.

Par Le360 (avec AFP)
Le 16/01/2025 à 07h34