France: grandes manoeuvres à droite comme à gauche en préparation aux législatives anticipées

Des manifestants réunis sur la place de la République, à Paris, le 10 juin 2024, pour protester contre la victoire du parti d'extrême droite français, le Rassemblement national, aux élections européennes. AFP or licensors

À moins de trois semaines du premier tour des élections législatives anticipées annoncées par le président français Emmanuel Macron, les formations politiques de droite comme de gauche entament les négociations autour de futures alliances.

Le 11/06/2024 à 08h20

À dix-neuf jours de la tenue du premier tour des élections législatives anticipées -la campagne la plus courte dans l’histoire de la 5ème République-, les formations politiques de droite comme de gauche entament au pas de charge les négociations autour des futures alliances.

Selon un sondage paru lundi, le Rassemblement national (RN), le parti d’extrême droite sorti grand vainqueur des élections européennes dimanche en France, est crédité de 34% d’intentions de vote pour le premier tour le 30 juin. Ce qui lui permettrait, selon l’institut, d’obtenir une majorité relative à l’Assemblée nationale lors du second tour une semaine plus tard, avec 235 à 265 députés sur 577.

Les macronistes, avec 19%, ne pourraient tabler que sur 125 à 155 sièges, et se retrouvent surtout isolés au sein du paysage politique français. «J’ai confiance en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures», avait déjà écrit lundi sur le réseau social X Emmanuel Macron. Un activisme qui tranche avec la discrétion de son Premier ministre, Gabriel Attal, silencieux depuis dimanche soir.

Le RN s’est en revanche exposé pour tenter de bâtir le «rassemblement» autour de Jordan Bardella. Ce dernier, fort de son triomphe en tant que tête de liste RN aux européennes, a vocation à devenir Premier ministre en cas de succès, a assuré lundi Marine Le Pen, qui a décliné au passage le poste pour elle-même.

Elle s’est dite «bien sûr capable» de ne pas présenter de candidat face au parti de droite Les Républicains (LR) dans les circonscriptions où un accord aurait été trouvé. «C’est ce sur quoi nous travaillons mais avec des points politiques sur lesquels chacun se met d’accord», a-t-elle poursuivi, évoquant «un projet fondé sur deux grands chantiers, la défense du pouvoir d’achat et le redressement de l’économie et la lutte contre l’insécurité et l’immigration».

Marine Le Pen avait reçu dans l’après-midi sa nièce Marion Maréchal, tête de liste de l’autre parti d’extrême droite Reconquête d’Éric Zemmour. «J’ai rencontré d’ailleurs un certain nombre d’autres responsables pour pouvoir justement construire cette majorité», a-t-elle assuré. Mme Maréchal a pour sa part indiqué qu’elle allait s’entretenir mardi avec Nicolas Dupont- Aignan, le patron de Debout la France, autre formation très à droite.

Constituer un «Front populaire»

À gauche, les cartes ont été rebattues lundi soir: le Parti socialiste, les communistes, les écologistes et la formation de gauche La France Insoumise (LFI) ont appelé dans un communiqué à «la constitution d’un front populaire» et indiqué vouloir «soutenir des candidatures uniques dès le premier tour» des législatives. Ils ont encore appelé à «rejoindre les cortèges» prévus ce week-end à l’appel des principaux syndicats et à «manifester largement».

L’annonce s’est faite alors que quelques centaines de jeunes manifestants, venus d’un rassemblement contre l’extrême droite place de la République, arrivaient sous les fenêtres du quartier général parisien des écologistes où les différents responsables de gauche s’étaient retrouvés dans l’après-midi. «Nous l’avons fait nous avons réussi à nous mettre d’accord!», a lancé la patronne des Verts, Marine Tondelier, aux militants qui chantaient «Trouvez un accord!».

Quelques heures plus tôt, la tête de liste socialiste aux européennes Raphaël Glucksmann avait répété sa ligne de fermeté face à LFI de Jean-Luc Mélenchon. Il a surtout proposé qu’en cas de victoire de la gauche, le nom de l’ex-chef du syndicat CFDT Laurent Berger soit proposé pour le poste de Premier ministre -une idée qui n’a pour l’heure pas été reprise par les autres partis de gauche.

Auréolé de ses 13,83% de suffrages obtenus dimanche, Raphaël Glucksmann a exclu de devenir lui-même chef du gouvernement. Mais il a prévenu: «Ce ne sera clairement pas Jean-Luc Mélenchon» non plus, en prônant de «ne pas refaire la Nupes», l’alliance de la gauche pour les législatives de 2022 qui avait fait entrer 151 députés au parlement, mais avait fini par imploser l’automne dernier.

Tous sont quoi qu’il en soit pressés par le temps: les candidatures devront être déposées entre les mercredi et dimanche prochains, 18H00 (16H00 GMT), selon le décret publié lundi au Journal officiel. La campagne électorale pour le premier tour débutera dès lundi 17 juin.

Par Le360 (avec AFP)
Le 11/06/2024 à 08h20