France: forte mobilisation contre Macron, scènes de chaos dans plusieurs villes

Un habitant et un pompier tentent d'éteindre un feu de détritus lors d'une manifestation, le 23 mars 2023, contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron.. AFP or licensors

Galvanisés par la sortie provocatrice d’Emmanuel Macron au journal télévisé, suite au passage en force de sa réforme des retraites, syndicats et manifestants ont fait montre, hier jeudi 23 mars, d’une mobilisation à l’ampleur inédite. Barricades, incendies volontaires, commerces saccagés, voitures renversées et violents affrontements avec les forces de l’ordre: les scènes de chaos ont émaillé la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs villes de France.

Le 24/03/2023 à 08h38

Regain de mobilisation, violences inédites depuis le début de la contestation, syndicats qui maintiennent le cap face à un exécutif inflexible, sourd aux revendications des opposants: le conflit sur la réforme des retraites en France se poursuit, et la mobilisation des syndicats et des manifestants prend une ampleur inédite.

Le passage en force par le gouvernement de sa réforme des retraites, les images de violences policières et surtout l’intervention télévisée du président Emmanuel Macron, perçue comme provocatrice et arrogante, ont chauffé à blanc les ardeurs des opposants à une réforme jugé injuste. Dans son interview au journal télévisé, mercredi 22 mars, le président français avait estimé que la «foule» n’avait «pas de légitimité» face au peuple représenté par ses élus… oubliant que ces derniers ont été empêchés de voter par le recours du gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution.

Entrée dans son troisième mois, la contestation dans la rue a rassemblé hier jeudi entre 1,089 million de manifestants, d’après le ministère de l’Intérieur, et 3,5 millions d’après syndicat CGT pour la 9ème journée de mobilisation. «On sent qu’il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu’il y a un calendrier qui nous permet d’agir, on est mobilisé», a commenté Marylise Léon, numéro deux du syndicat CFDT.

Forte mobilisation

Les syndicats, rassurés par les chiffres de la mobilisation, ont été aussi ragaillardis par des cortèges où les jeunes sont manifestement venus plus nombreux. La violence, qui n’avait jusqu’ici été que sporadique, a fait une entrée en scène spectaculaire dans le jeu entre le gouvernement et les syndicats, ravivant les souvenirs du mouvement populaire des «gilets jaunes» en 2018/2019.

Scènes de chaos

Barricades, incendies volontaires, commerces saccagés, voitures renversées et violents affrontements avec les forces de l’ordre: les manifestations contre la très contestée réforme ont en effet connu jeudi un regain de tensions dans plusieurs villes de France.

Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, canons à eau à Lille et Toulouse, centre-ville noyé sous les gaz lacrymogènes à rennes, commissariat pris pour cible à Lorient, tribunal administratif saccagé à Nantes, manifestante avec un pouce arraché à Rouen… les violences sont montées d’un cran presque partout, qualifiées «d’inacceptables» par la Première ministre Elisabeth Borne, au discours désormais inaudible.

À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits «sauvages». À rebours d’un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement. Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre.

«La stratégie de l’exécutif, c’est de faire pourrir un mouvement social et de faire peur aux gens en employant la violence, et j’ose parler de violences policières», a déclaré Catherine Perret, secrétaire confédérale du syndicat CGT.

Le secrétaire général du syndicat CGT Philippe Martinez a quant à lui estimé qu’Emmanuel Macron avait «jeté un bidon d’essence sur le feu», rappelant que les syndicats lui avaient écrit pour l’alerter sur la «situation explosive» du pays.

A l’issue de ce nouvel épisode d’un conflit dont aucun camp ne semble chercher une sortie, les responsables politiques de gauche ont invité jeudi les Français à amplifier encore la contestation contre la réforme des retraites. Le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel a appelé à «mettre le pays à l’arrêt», et le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à «jeter toutes les forces dans la bataille».

Les syndicats ont donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, et des rassemblements de proximité sont prévus ce week-end. La visite du roi Charles III la semaine prochaine en France, en pleine crise sociale, promet un sacré défi pour un exécutif inflexible sur sa réforme, et désormais décidé à jouer la carte sécuritaire du «maintien de l’ordre».


Par Le360 (avec AFP)
Le 24/03/2023 à 08h38