Il s’est tu: le vétéran du journalisme politique et ancien président d’Europe 1 Jean-Pierre Elkabbach s’est éteint à 86 ans, suscitant une pluie d’hommages de ses pairs et autres admirateurs d’un intervieweur tenace qui a marqué son époque.
Canal+ et Europe 1 ont annoncé le décès de leur ancienne vedette mardi soir sur X (ex- Twitter), peu après sa révélation par l’hebdomadaire Paris Match. Les réactions politiques ont afflué de la part de tous ceux qu’il avait interviewés à un moment ou un autre.
«Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération. J’en fais partie, pour avoir tant espéré, alors jeune élu, d’être son invité au micro d’Europe 1 jusqu’à ce qu’il me donne ma chance», a réagi l’ancien président Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux, faisant part de sa «tristesse».
«Une page de notre histoire politique et médiatique se tourne avec» sa disparition, a estimé son successeur François Hollande, louant une «pugnacité qu’aucun interlocuteur ne pouvait épuiser». «Ma première interview fut avec Jean-Pierre Elkabbach ! Autant une épreuve qu’une consécration», a écrit Rachida Dati, maire LR et ancienne ministre de la Justice.
Une exceptionnelle longévité
Sans surprise, les témoignages de respect se multiplient également de la part des journalistes, dont il a marqué plusieurs générations. «Il a été le premier à me donner ma chance», a ainsi souligné Léa Salamé.
«C’était le meilleur intervieweur qu’on ait eu», a commenté sur BFMTV Alain Duhamel -son ancien partenaire dans «Cartes sur table» sur Antenne 2- louant son «incroyable acharnement» et sa «méticulosité».
Professionnel infatigable, qui a analysé et commenté plus de 60 ans de vie politique, Jean- Pierre Elkabbach a été patron de radio et de télévision. Il a parfois été brocardé pour ses amitiés politiques supposées, de Valéry Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy ou François Hollande.
Sa longévité à l’antenne avait fini par lasser une partie du public et conduit à son éviction en 2017 d’Europe 1. Il était alors entré chez CNews, devenant conseiller de Vincent Bolloré, qui contrôlait la chaîne d’info «qu’il a contribué à créer», comme l’a rappelé sur X le directeur général du groupe Canal+, Gérald Brice-Viret.
Né en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a commencé sa carrière comme correspondant de la RTF à Oran, sa ville natale en Algérie, avant d’être nommé à Paris en 1961. Après des années sur le petit écran, il entre à Europe 1 au début des années 80 et y fera de très nombreux aller-retours.
Il y était revenu notamment en 1996, éclaboussé par un scandale sur l’attribution de contrats juteux aux animateurs-producteurs stars de France 2, alors qu’il était patron de France Telévisions... et y restera jusqu’en 2017.