Les alliés de Trump à la Chambre des représentants des Etats-Unis ont infligé un nouveau revers aux partisans de l’aide à l’Ukraine, en affichant à l’avance leur refus d’examiner une loi que le Sénat américain pourrait adopter mardi en vue d’une nouvelle enveloppe pour Kiev.
Démocrates et républicains se déchirent depuis des mois au Congrès américain sur la question de l’aide à l’Ukraine, allié des Etats-Unis, en guerre avec la Russie depuis près de deux ans. Les démocrates sont, dans l’immense majorité, pour. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes.
En pleine campagne présidentielle, l’équation s’est transformée en bras de fer à distance entre le président Joe Biden, qui réclame de toute urgence ces nouveaux fonds, et Donald Trump, son prédécesseur et rival probable à l’élection présidentielle, qui s’y oppose et qui semble avoir le dernier mot dans ces tractations.
«Problème plus urgent»
Le Sénat, à majorité démocrate, pourrait voter dans les premières heures mardi un texte couplant 60 milliards de dollars d’aide pour Kiev avec des fonds pour Israël et Taïwan -une enveloppe de 95 milliards de dollars. Mais sans le soutien des républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, le texte ne peut aller nulle part.
Lundi soir, Mike Johnson, le chef des républicains à la Chambre et fidèle de Trump, a assuré que le texte négocié par les sénateurs ne serait pas examiné en l’état dans son hémicycle. «Le projet de loi sur l’aide aux pays étrangers du Sénat reste muet sur le problème le plus urgent auquel notre pays est confronté», a-t-il fustigé dans un communiqué, faisant référence à la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Les républicains demandent en échange de l’adoption d’une aide à Kiev un renforcement important de la politique migratoire. Et «en l’absence de toute modification» de la part du Sénat sur le sujet, «la Chambre des représentants continuera de travailler selon sa propre volonté sur ces questions importantes», a-t-il assuré.
Mike Johnson, comme nombre de républicains au Congrès, suit des directives de Donald Trump, qui a jeté un pavé dans la mare en déclarant qu’il «encouragerait» la Russie à s’en prendre aux pays de l’Otan si ceux-ci ne payaient pas leur part dans le soutien à l’Ukraine, ce qui a provoqué une pluie de critiques de l’autre côté de l’Atlantique.
«Nous aidons l’Ukraine pour plus de 100 milliards de dollars de plus que l’Otan», a martelé Donald Trump lundi soir, sur son réseau Truth Social. «L’Otan doit égaliser, et maintenant», a- t-il exigé. «Sinon, ce sera l’Amérique d’abord!», a-t-il lancé, en référence à la doctrine isolationniste qu’il a placée au coeur de sa politique étrangère, entre 2017 et 2021.