Apparu sans le bandage blanc qui lui recouvrait ces derniers jours toute l’oreille, mais avec un pansement plus discret, Donald Trump, désormais investi comme candidat républicain, a été acclamé dans une salle omnisports de 12.000 spectateurs pleine à craquer, à Grand Rapids dans le Michigan, État clé qu’il avait remporté en 2016 mais que Joe Biden lui a ravi en 2020.
«J’ai pris une balle, la semaine dernière, pour la démocratie», a lancé Donald Trump au début de son discours, pour se défendre d’accusations récurrentes d’extrémisme vis-à-vis de sa rhétorique et de son projet politique… tout en réaffirmant sans preuves que l’élection de 2020 avait été truquée.
Il a promis «un raz-de-marée monumental» en faveur des républicains lors des prochaines élections de novembre et moqué les démocrates «qui ne savent pas qui est leur candidat». Mettant de côté l’éphémère tournant vers l’unité, il s’est lancé dans la rhétorique de division qui a marqué sa carrière politique. Il s’est ainsi répandu en invectives, qualifiant Joe Biden de «stupide» et de «vieillard faible», et Kamala Harris de «cinglée».
La «plus grande opération d’expulsions»
Epaulé par son colistier J.D. Vance, Donald Trump cherche à cimenter sa base dans cette région du nord ayant souffert de la désindustrialisation, à l’image de la ville de Detroit. Il a multiplié les promesses de baisses d’impôts, de lutte contre l’inflation et de taxes sur les importations pour protéger le «made in America».
Au milieu d’un discours de près de deux heures, truffé comme d’habitude d’anecdotes sur ses relations avec les chefs d’État, comme le «brillant» chinois Xi Jinping qui «contrôle 1,4 milliard de personnes d’une main de fer», il a aussi renouvelé sa diatribe contre les migrants qu’il accuse des pires crimes, promettant la «plus grande opération d’expulsions» de l’histoire des États-Unis.
La foule a attendu son champion, certains arborant un tee-shirt à l’image du milliardaire, oreille en sang et poing levée, immortalisée par des photographes une semaine plus tôt. «Ce dont nous avons été témoins samedi dernier est un miracle. Ils l’ont transformé en martyr et l’ont laissé en vie. Maintenant, il est plus puissant que jamais», a estimé Edward Young, militant républicain de 64 ans.
Grandi par cette image de miraculé, le tempétueux septuagénaire est également sorti renforcé d’une convention d’investiture qui l’a vu cette semaine obtenir le soutien du Parti républicain au grand complet.
Biden, confiné et acculé
Un contraste saisissant avec son rival démocrate, le président sortant Joe Biden, qui joue actuellement sa survie politique. Confiné dans sa résidence privée du Delaware après avoir contracté le Covid, le démocrate de 81 ans ne parvient pas à faire taire les voix l’enjoignant à passer le flambeau, en raison des questions lancinantes sur son acuité mentale et sa forme physique.
Plus de 30 élus démocrates l’ont appelé publiquement à laisser la place à un ou une candidate plus jeune. Et l’un de ses principaux donateurs, l’homme d’affaires Michael Moritz, l’a appelé à se retirer et annoncé suspendre ses dons au parti.
Joe Biden «a une décision très importante à prendre», a déclaré samedi la sénatrice Elizabeth Warren sur la chaîne MSNBC, évoquant l’hypothèse de de son remplacement par sa vice-présidente, Kamala Harris, 59 ans. «Ce qui me donne beaucoup d’espoir en ce moment, c’est que si le président Biden décide de se retirer, nous avons la vice-présidente Kamala Harris, qui est prête à intervenir, à unir le parti, à affronter Donald Trump et à gagner en novembre», a-t-elle déclaré.