Au-delà des résultats pour cette région du nord-est de l'Espagne, la principale inconnue de cette élection porte sur la participation, qui devrait être en forte baisse en raison du contexte sanitaire actuel dans le pays, l'un des Etats européens les plus durement frappés par la pandémie de Covid-19, même si une légère amélioration a été notée ces derniers jours.
A la suite de l'explosion des nouveaux cas consécutive aux fêtes de fin d'année, le gouvernement régional avait décidé de repousser le scrutin à fin mai, mais la justice est intervenue pour rétablir la date initiale.
Les bureaux de vote seront ouverts de 08H00 GMT à 19H00 GMT, mais la dernière heure sera réservée aux personnes atteintes du Covid-19 ou en quarantaine, une situation exceptionnelle qui obligera les assesseurs tenant les bureaux à porter des combinaisons de protection intégrale.
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Les enquêtes d'opinion prévoient que la participation pourrait tomber sous les 60%, alors qu'elle avait été d'environ 80% lors des précédentes élections, en 2017.
Signe d'un malaise chez les quelque 5,5 millions d'électeurs inscrits, environ 35.600 personnes sur les 82.000 tirées au sort pour servir d'assesseurs ont demandé à être dispensées de cette obligation. Bien que 23.300 demandes aient été acceptées, les autorités assurent que le scrutin pourra se dérouler normalement.
Cette chute prévisible de la participation accroît l'incertitude du scrutin, les sondages donnant trois formations dans un mouchoir de poche avec un peu plus de 20% des voix: les deux principaux partis indépendantistes catalans -Ensemble pour la Catalogne (JxC) et Gauche républicaine de Catalogne (ERC)- qui forment l'actuel gouvernement régional, et le PSC, branche catalane du Parti socialiste ouvrier espagnol du Premier ministre Pedro Sanchez.
Ces élections se déroulent un peu plus de trois ans après l'échec d'une tentative de sécession marquée par la tenue, le 1er octobre 2017, d'un référendum d'autodétermination interdit par la justice et qui avait donné lieu à des interventions très violentes de la police.
Le chef du gouvernement catalan de l'époque, Carles Puigdemont, est toujours en exil en Belgique et neuf dirigeants indépendantistes ont été condamnés en 2019 à des peines allant de neuf à 13 ans de prison.
Bien décidé à briser la mainmise des indépendantistes sur le pouvoir à Barcelone, Pedro Sanchez, qui est devenu Premier ministre après cette crise de 2017, a fait appel à son ancien ministre de la Santé et figure de proue de la lutte contre le Covid-19 en Espagne, Salvador Illa, pour conduire les socialistes à la bataille.
Il s'est même personnellement impliqué dans la campagne en participant à plusieurs réunions électorales, avec le risque qu'un échec de Salvador Illa soit aussi perçu comme le sien.
Même s'ils remportent le plus grand nombre de suffrages, les socialistes auront besoin de partenaires pour obtenir la majorité absolue de 68 députés (sur un total de 135) au Parlement local, et devront pour cela faire éclater le bloc indépendantiste.
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Ils comptent sur ERC, parti ouvert au dialogue avec Madrid et dont l'appui a même permis au gouvernement minoritaire de Pedro Sanchez de faire voter son programme au Parlement.
Mais ERC, JxC et trois autres petites formations se sont engagées par écrit cette semaine à ne contribuer "en aucun cas" à la formation d'un gouvernement avec Salvador Illa.
Une victoire des socialistes dimanche pourrait donc s'avérer sans suite, l'hypothèse la plus probable pour les analystes étant le maintien au pouvoir de l'actuelle coalition entre JxC, partisan d'une ligne dure vis-à-vis de Madrid, et ERC.