La Nasa veut retourner sur la Lune, et cette fois-ci, c’est pour y rester. Avec son programme Artémis, l’agence spatiale américaine entend installer pour la première fois l’humanité sur un autre astre que la Terre. Mais construire une base lunaire n’est pas une mince affaire. Electricité, véhicules, habitats... l’industrie spatiale est déjà à pied d’oeuvre pour développer les technologies nécessaires.
Communications et courant
Malgré cet horizon lointain, les entreprises se bousculent déjà au portillon lunaire. «La première étape, ce sont les communications. Pensez à un déménagement dans un nouvel appartement: la première chose à faire, c’est brancher son téléphone et internet», dit à l’AFP Joe Landon, patron de Crescent Space, nouvelle filiale de Lockheed Martin dédiée aux services lunaires. L’entreprise veut devenir le fournisseur internet et GPS de la Lune, pour un marché qu’il évalue à «100 milliards de dollars sur les dix prochaines années».
Deuxième impératif: brancher le courant. Astrobotic (220 employés) est l’une des trois entreprises sélectionnées par la Nasa pour développer des panneaux solaires verticaux. Conçus ainsi pour mieux capter les rayons du soleil au pôle sud de la Lune, destination visée, ces derniers sont hauts d’environ 18 mètres, et seront reliés par des câbles de plusieurs kilomètres de long, décrit à l’AFP Mike Provenzano, chargé des équipements de surface lunaire.
Des véhicules électriques et autonomes
Pour les expéditions scientifiques de ses astronautes, la Nasa a demandé à l’industrie de plancher sur un véhicule ouvert pour deux personnes, prêt pour 2028, qui devra aussi fonctionner de façon autonome, pour des missions sans astronaute, et résister aux nuits lunaires avec une température descendant jusqu’à -170 °C.
Là aussi, de nombreuses sociétés se sont lancées. Lockheed Martin profite de l’expertise de General Motors dans les véhicules électriques et tout-terrain, alors que Dynetics, filiale du géant Leidos, s’est associée… à la Nascar, organisatrice de courses automobiles aux Etats-Unis.
La Nasa n’a pas encore annoncé la ou les entreprises sélectionnées. A plus long terme, elle travaille avec l’agence spatiale japonaise (Jaxa) sur un véhicule pressurisé, développé par Toyota, dans lequel porter une combinaison spatiale ne sera pas nécessaire.
Des habitats en impression 3D
Enfin, il faudra aux astronautes une maison. La Nasa a attribué un contrat de 57,2 millions de dollars à l’entreprise texane ICON, spécialisée dans l’impression en 3D, pour développer la technologie nécessaire à la construction sur la Lune de routes, pistes d’atterrissage et habitations. Avec comme impératif d’utiliser le sol lunaire comme matériau.
D’autres entreprises, comme Lockheed Martin, développent elles des concepts d’habitat gonflable. «Vous pouvez l’envoyer dans un petit paquet», ce qui est important car la place à bord d’une fusée est limitée, explique à l’AFP Kirk Shireman, vice-président en charge de l’exploration lunaire de la société. Une fois gonflé, «il y a un bien plus grand volume pour vivre et travailler». À l’intérieur: chambres, cuisine, instruments scientifiques... Le tout, mobile.
Sur le très long terme, toute l’idée d’Artémis est de préparer des missions bien plus lointaines. Et de transformer la base lunaire en base martienne. Kirk Shireman le confirme: «Quel que soit l’argent que nous devons dépenser pour développer ces systèmes sur la Lune, nous voulons qu’ils soient applicables pour aller sur Mars».