Des missiles ont aussi visé la région d'Odessa, l'armée ukrainienne décomptant sept frappes et déplorant un mort et cinq blessés. Le président du Conseil européen Charles Michel, en visite surprise lundi dans cette grande ville du sud, a été obligé de se mettre à l'abri.
«Vous n'êtes pas seuls. L'UE est à vos côtés» face à l’«agression» russe, a déclaré Charles Michel aux côtés du Premier ministre ukrainien Denys Chmygal. «Nous serons avec vous aussi longtemps qu'il le faudra», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, les Russes «continuent de préparer des opérations offensives dans les régions de Lyman et Severodonetsk», dans le Donbass (est), a annoncé mardi matin l'état-major ukrainien, ajoutant que les tirs d'artillerie et les frappes aériennes se poursuivaient sur l'aciérie d'Azovstal à Marioupol.
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«Des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka» dans la région de Lougansk (est), indiquait la veille le gouverneur Serguiï Gaïdaï.
Les Ukrainiens peuvent compter sur l'aide militaire américaine qui s'est déjà élevée à quelque 3,8 milliards de dollars depuis le début du conflit.
Elle devrait être encore facilitée par la signature, lundi, par le président Joe Biden de l’«Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act». Cette loi de «prêt-bail»reprend le dispositif adopté en 1941 par Roosevelt donnant au président américain des pouvoirs étendus pour soutenir l'effort de guerre en Europe.
«Je suis convaincu que Poutine croyait qu'il pouvait briser l'Otan, qu'il croyait qu'il pouvait briser l'Union européenne», a ajouté Joe Biden un peu plus tard lors d'une opération de levée de fonds politique.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vu dans l'adoption de cette loi une «étape historique»: «je suis convaincu que nous allons à nouveau gagner ensemble. Et nous allons défendre la démocratie en Ukraine. Et en Europe. Comme il y a 77 ans», a-t-il écrit sur Twitter.
«Déni»La date de cette signature, le 9 mai, coïncide avec le grand défilé militaire sur la place Rouge célébrant le 77e anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie, lors duquel le président russe Vladimir Poutine a répété ses arguments pour justifier son invasion de l'Ukraine, lancée le 24 février.
Il a ainsi prétendu que l'Ukraine préparait une offensive contre les séparatistes prorusses dans l'est du pays, qu'elle voulait se doter de la bombe atomique et était soutenue par l'Otan.
«Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières», a-t-il affirmé.
Après son discours, 11.000 soldats, des dizaines de véhicules, dont des lance-missiles stratégiques et des chars, ont traversé la place Rouge. Parmi eux, des unités présentées comme revenant du front ukrainien. La partie aérienne a dû être annulée à cause d'une météo défavorable, selon le Kremlin.
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Les Occidentaux rejettent les arguments de Vladimir Poutine. Le président russe «est dans la justification complètement révisionniste des motifs de guerre. Il a un discours de déni et d'inversion des responsabilités», a regretté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sur la chaîne de télévision BFMTV.
Une heure avant le discours du président russe, Volodymyr Zelensky a diffusé une vidéo dans laquelle il martelait: «nous ne laisserons personne annexer cette victoire, se l’approprier».
«Le jour de la victoire sur les nazis, nous nous battons pour une autre victoire, la voie vers cette victoire est longue mais nous n'avons pas de doutes», a-t-il insisté, marchant dans Khrechtchatyk, l'avenue centrale de Kiev. «Nous avons vaincu à l'époque, nous vaincrons maintenant».
Même détermination devant la tombe du Soldat inconnu à Kiev. «C'est complètement stupide tout ce qu'il se passe, Poutine réécrit l’histoire», se désespère Lera Nelioub venue fleurir le monument avec son père, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale.
Le président français Emmanuel Macron a toutefois appelé lundi à ne pas «humilier» la Russie car «nous aurons demain une paix à bâtir».
Plutôt qu'une adhésion de Kiev à l'UE qui prendrait «plusieurs décennies», Emmanuel Macron propose la création d'une «communauté politique européenne» qui pourrait accueillir l'Ukraine et d'autres «nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs».
Sessions à l'ONUWashington surveille aussi l'industrie russe de l'armement qui, selon le Pentagone, commence à souffrir des sanctions internationales et peine à remplacer les missiles guidés utilisés en Ukraine en raison de l'embargo sur les composants électroniques qui frappe la Russie.
John Kirby, porte-parole du Pentagone, a également assuré que des Ukrainiens avaient été «envoyés contre leur gré» en Russie, sans pouvoir donner de chiffre. Kiev avance celui de 1,2 million de personnes déportées en Russie et placées dans des camps.
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU organisera jeudi à la demande de Kiev, soutenue par des dizaines de pays, une session extraordinaire sur «la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine».
Le même jour, le Conseil de sécurité de l'ONU devrait se réunir pour la 16e fois depuis le début de l'invasion russe, à la demande de la France et du Mexique. Cette session suit le bombardement ce week-end d'une école dans l'est de l'Ukraine, dans lequel 60 civils ont été tués, selon Kiev.
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A Marioupol, port du sud-est de l'Ukraine presque entièrement sous contrôle russe, où les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal ont exclu de se rendre, les séparatistes prorusses ont défilé pour le 9 mai.
A Belgrade, Sofia et Vienne, des centaines de personnes ont aussi défilé avec des drapeaux russes.
A Varsovie, l'ambassadeur de Russie en Pologne a été aspergé d'une substance rouge évoquant du sang et pris à partie par des manifestants pro-ukrainiens, alors qu'il s'apprêtait à déposer une gerbe au cimetière de Varsovie où reposent les soldats soviétiques morts durant la Seconde Guerre mondiale.