Carles Puigdemont a jusqu'à 10h00 locales (08h00 GMT) pour affirmer clairement qu'il renonce à déclarer l'indépendance de sa riche région de 7,5 millions d'habitants.
S'il ne le fait pas, le gouvernement présidé par le conservateur Mariano Rajoy compte appliquer l'article 155 de la Constitution, qui lui permet de suspendre tout ou partie de l'autonomie d'une région si celle-ci viole ses obligations légales.
Dans cette région ayant une langue et une culture propres, très fière de son autonomie, cette mesure drastique pourrait déclencher des troubles et encore aggraver la pire crise politique que vit l'Espagne depuis son retour à la démocratie en 1977 après la dictature franquiste.
Si cela se produisait, Marta Pascal, porte-parole du parti de M. Puigdemont, a affirmé mercredi soir que ses élus lui demanderaient de déclarer l'indépendance.
Les dirigeants catalans estiment que le référendum d'autodétermination qu'ils ont organisé le 1er octobre malgré l'interdiction de la justice leur donne un "mandat populaire" pour déclarer l'indépendance.
Selon leurs chiffres, invérifiables, le "oui" l'a emporté à 90% avec 43% de participation.
Mais la société catalane est profondément divisée, presque à parts égales, sur la question.
Une solution pour sortir par le haut de ce blocage pourrait être la convocation d'élections régionales anticipées.
"S'il (Carles Puigdemont, NDLR) convoque des élections, et selon les modalités envisagées, cela pourrait être considéré comme un retour à la légalité", a déclaré une source gouvernementale à l'AFP.
Jusqu'ici, les indépendantistes ne voulaient pas en entendre parler. Le responsable des relations internationales du gouvernement catalan, Raul Romeva, répétait encore mercredi matin que cette option n'était "pas sur la table".
Mais une source gouvernementale catalane interrogée par l'AFP s'est montrée plus prudente. "Pour l'instant, ce n'est pas dans nos priorités", a-t-elle déclaré mercredi après-midi. "Nous attendons de voir ce qui sera décidé (par Madrid) demain".
Reste qu'il semble difficile de renouer la confiance et le dialogue entre Barcelone et Madrid que réclament les institutions européennes ainsi que de nombreux Catalans de tous bords, jusqu'au puissant FC Barcelone.
Le gouvernement espagnol considère que les séparatistes sont "hors-la-loi" et refuse de discuter tant qu'ils ne font pas marche arrière.
"On ne peut pas dialoguer avec ceux qui violent la loi et la Constitution", répétait encore Mariano Rajoy mercredi devant les députés.
Carles Puigdemont, séparatiste de toujours et arrivé au pouvoir début 2016 en promettant l'indépendance, est, de son côté, tiraillé de toutes parts.
Ses soutiens l'incitent à ne pas reculer, enflammés par le placement en détention provisoire mardi à Madrid de deux figures indépendantistes, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, inculpés pour "sédition".
Des dizaines de milliers de Catalans sont sortis dans la rue mardi soir pour soutenir leurs "prisonniers politiques", et l'ONG Amnesty International a demandé mercredi leur libération immédiate.
La CUP, parti d'extrême gauche et allié-clé de Carles Puigdemont, le presse aussi de déclarer une République catalane indépendante sans plus attendre.
Elle a déjà convoqué des manifestations jeudi soir et dimanche, avec pour mot d'ordre: "Arrêtons la répression, sortons dans les rues sans peur. Faisons la République maintenant".
D'un autre côté, les milieux économiques exercent une pression maximale sur le président catalan pour qu'il recule.
Plus de 800 entreprises, y compris les deux plus grandes banques catalanes, ont transféré leur siège social hors de la région depuis le référendum, selon le registre du commerce et des sociétés.
Le tourisme, vital pour l'économie de la région, montre aussi d'importants signes de faiblesse, et l'Espagne a revu à la baisse sa prévision de croissance 2018, de 2,6% à 2,3%, en raison de cette crise.
Et surtout, Madrid tient les cordons de la bourse: le gouvernement catalan, dont les finances sont sous tutelle de Madrid depuis septembre, risque de se retrouver à sec fin octobre.