Selon les projections actualisées dans la nuit de mardi à ce mercredi par trois grandes chaînes israéliennes, le parti de Benjamin Netanyahu est crédité de 30 ou 31 sièges, sur les 120 du Parlement, devant la formation Yesh Atid («Il y a un futur») du Premier ministre sortant Yaïr Lapid qui récolterait entre 22 et 24 sièges.
Suivent ensuite neuf partis, dont l'alliance d'extrême droite «Sionisme religieux» de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir avec 14 sièges, et le parti de centre-droit de l'ex-chef de l'armée Benny Gantz, crédité de 11 à 13 sièges.
Avec ses alliés, le Likoud de Benjamin Netanyahu compterait 62 sièges, dont un de plus que la majorité. Mais ces scores pourraient changer à l'annonce des résultats officiels, notamment en fonction des sièges remportés par les petits partis.
«J'ai de l'expérience, j'ai fait quelques élections, nous devons attendre les résultats définitifs mais notre chemin, celui du Likoud, a prouvé qu'il était le bon, nous sommes près d'une grande victoire», a lancé Benjamin Netanyahu, jugé pour corruption, à ses partisans réunis à Jérusalem.
«Si les résultats sont conformes aux sondages de ce soir, je formerai un gouvernement national pour tous les citoyens d'Israël», a ajouté Benjamin Netanyahu, plus pérenne des chefs de gouvernement de l'histoire du pays qui avait perdu le pouvoir en juin 2021 au profit d'une coalition hétéroclite aujourd'hui menée par le centriste Yaïr Lapid.
«Tant que le dernier bulletin de vote n'est pas compté, rien n'est joué. Nous attendrons patiemment, même si nous n'avons pas de patience, les résultats finaux», a lancé ce dernier à ses partisans réunis dans la métropole de Tel-Aviv».
«Montée de l'extrémisme»Mais déjà, un ancien du Likoud, l'actuel ministre de la Justice Gideon Saar, a prévenu du risque de voir Israël se diriger vers une «coalition d'extrémistes» menée par Benjamin Netanyahu et ses alliés.
«Les gens veulent marcher en sécurité dans les rues, que nos soldats et policiers ne soient pas pieds et poings liés», a déclaré de son côté M. Ben Gvir, réitérant ainsi son appel à user de la force, notamment contre les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a dénoncé pour sa part une «progression des partis religieux d'extrême droite» lors de ces élections, témoignant selon lui «de la montée de l'extrémisme et du racisme dans la société israélienne» dont le peuple palestinien «souffre depuis des années».
«Les résultats montrent que Netanyahu a le plus de chance de former un gouvernement avec des fascistes à ses côtés. Et cela nous préoccupe grandement (...) car cela témoigne de la direction que prend ce pays et ce qui attend les Palestiniens vivant dans ce pays», a déclaré à l'AFP Aïda Touma-Suleiman, députée de la formation arabe israélienne Hadash-Taal.
Le seuil de 3,25%Pour ces cinquièmes législatives en l'espace de trois ans et demi, la classe politique craignait une «fatigue» des électeurs des 6,8 millions d'électeurs inscrits. C'est le contraire qui s'est produit, avec un taux de participation de 71,3%, le plus élevé depuis 2015, selon la commission électorale.
Dans le système proportionnel israélien, une liste électorale doit obtenir au moins 3,25% des voix pour entrer au Parlement avec ainsi un minimum de quatre sièges, une situation particulièrement critique pour les partis de la minorité arabe israélienne.
En 2020, les partis arabes, hostiles au bloc de droite de Benjamin Netanyahu, avaient récolté un record de 15 sièges après une campagne sous une seule bannière. Mais cette fois, ils se sont présentés en ordre dispersé sous trois listes: Raam, Hadash-Taal (laïc) et Balad (nationaliste).
Selon les sondages à la sortie des urnes, les partis Raam et Hadash-Taal devraient passer les 3,25%, tandis que la formation Balad flirte avec ce minima. Si elle ne l'atteignait pas, les chances de Benjamin Netanyahu de revenir aux affaires seraient plus importantes.
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«Aujourd'hui nous ramenons Netanyahu au pouvoir, nous lui offrons ce cadeau, car nous avons été passifs», a déploré Mansour Abbas, chef du parti Raam, peu confiant de voir le vote arabe faire barrage au bloc de droite de Benjamin Netanyahu.
Mais pour Yohanan Plesner, directeur de l'Institut démocratique d'Israël, un centre d'analyse à Jérusalem, la prudence est de mise, notant qu'il y avait eu «des décalages» entre les sondages et «les résultats réels lors des derniers cycles électoraux».
Et si les chiffres bougeaient au point de faire perdre à Benjamin Netanyahu et ses alliés la majorité escomptée, Israël pourrait se diriger vers de nouvelles élections... les sixièmes en quatre ans.