Disparition de journaliste: le point sur l'affaire Khashoggi

Jamal Khashoggi a été assassiné au sein du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, le 2 octobre 2018.

Jamal Khashoggi a été assassiné au sein du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, le 2 octobre 2018. . DR

Rappel des principaux développements depuis la disparition du journaliste Jamal Khashoggi après son entrée au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre.

Le 17/10/2018 à 17h04

L'éditorialiste saoudien s'était exilé aux Etats-Unis en 2017, redoutant une arrestation après avoir critiqué certaines décisions du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Disparition

Le 2 octobre, à 13H14 heure locale (10H14 GMT), Jamal Khashoggi entre au consulat saoudien à Istanbul, selon une image de caméra de surveillance publiée par le quotidien américain Washington Post, avec lequel il collabore. Il a rendez-vous pour obtenir "un document saoudien certifiant qu'il n'était pas déjà marié", selon sa fiancée turque.

Le lendemain, la présidence turque affirme que le journaliste se trouve au consulat saoudien. Sa fiancée campe devant le consulat. Le 4, Ryad déclare que Jamal Khashoggi a disparu après avoir quitté le consulat.

Dans une interview diffusée le lendemain par l'agence Bloomberg, le prince héritier affirme que Jamal Khashoggi est effectivement "entré" au consulat, mais qu'il en est sorti peu après. Il invite les autorités turques à "fouiller (les) locaux".

"Tué au consulat"

Le 6, une source proche du gouvernement turc déclare que "la police estime dans ses premières conclusions que le journaliste a été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée". Ryad dément fermement.

Le 7, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui s'exprime pour la première fois sur cette affaire, dit attendre les résultats de l'enquête.

Pressions sur Ryad

Le Washington Post appelle les Etats-Unis à "exiger des réponses fortes et claires" de Ryad. "Le corps de Khashoggi a été probablement découpé et mis dans des caisses avant d'être transféré par avion hors du pays", affirme le journal, citant un responsable américain.

Le 8, Ankara demande à fouiller le consulat. Ryad doit "prouver" que le journaliste l'a quitté, dit M. Erdogan. Washington veut une enquête saoudienne "transparente".

Le 10, des télévisions turques diffusent des images de vidéosurveillance montrant l'arrivée à Istanbul de Saoudiens soupçonnés d'avoir conduit l'opération, ainsi qu'un van entrant dans le consulat avant de se rendre à la résidence du consul. La veille, certains médias avaient évoqué la possibilité que le journaliste ait été enlevé et amené en Arabie saoudite. Donald Trump affirme que son gouvernement a demandé des explications "au plus haut niveau".

Le président turc presse Ryad de révéler les images de surveillance. Les Saoudiens affirment que leurs caméras ne fonctionnaient pas ce jour-là.

Selon le Washington Post, Ankara aurait affirmé à Washington détenir des enregistrements audio et vidéo montrant comment Khashoggi a été "interrogé, torturé puis tué" à l'intérieur du consulat, avant que son corps ne soit démembré.

Des investisseurs refroidis 

Le 12, le milliardaire britannique Richard Branson annonce qu'il gèle plusieurs projets d'affaires avec l'Arabie saoudite. Depuis, de nombreuses entreprises se sont retirées d'une grande conférence économique, prévue du 23 au 25 octobre à Ryad.

Menaces et contre-menaces 

Le 13, Ryad dément les allégations qui "circulent sur des ordres pour tuer" le journaliste, dénonçant des "mensonges sans fondement".

Donald Trump estime que l'Arabie saoudite pourrait être derrière la disparition, et menace Ryad d'un "châtiment sévère", tout en excluant un gel des ventes d'armes. Le lendemain, Ryad rejette toute menace de sanctions, et promet de riposter en cas de mesures hostiles à son encontre.

Washington ménage Ryad 

Le 15, Donald Trump suggère après un entretien téléphonique avec le roi Salmane que la disparition du journaliste "pourrait être le fait de tueurs hors de contrôle". Dans la nuit, des policiers turcs fouillent le consulat. L'équipe a emporté des échantillons, notamment de la terre du jardin du consulat, selon un responsable sur place.

Le 16, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, affirme que Ryad est favorable à une enquête "approfondie", après des entretiens avec le roi et le prince héritier. Les Saoudiens n'excluront personne de leurs investigations, dit-il.

Donald Trump réclame l'application du principe de présomption d'innocence en faveur de l'Arabie saoudite. "Il faut que nous sachions d'abord ce qu'il s'est passé", dit-il.

Nouveaux indices

Le 17, un journal pro-gouvernemental turc, affirmant s'appuyer sur des enregistrements sonores réalisés à l'intérieur du consulat, rapporte que le journaliste y a été torturé avant d'être "décapité" par des agents saoudiens.Selon le New York Times, l'un des hommes identifiés par les autorités turques comme faisant partie de l'équipe soupçonnée d'avoir perpétré l'assassinat appartient à l'entourage du prince héritier et trois autres aux services de sécurité rattachés au prince.

A Ankara, M. Pompeo s'entretient avec le président Erdogan et son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu.

Le 17/10/2018 à 17h04