Il s’appelle Sabri Boukadoum, elle Sabria. Lui est nouveau ministre des Affaires étrangères en Algérie. Elle est Consule générale d'Algérie à New York.
Et ils sont mari et femme.
Les deux ont largement profité du système Bouteflika pour se hisser au sommet des postes diplomatiques dans leur pays. C’est particulièrement le cas pour le ministre, qui a suivi le même parcours que son prédécesseur, un certain Ramtane Lamamra, pour en arriver là.
Sauf qu’à la discrétion et la réserve auxquelles le couple Boukadoum est tenu de par les fonctions qu’occupent Monsieur le Ministre et Madame la Consule générale, ces derniers ont opté pour de nouveaux scandales dans une Algérie de plus en plus livrée à elle-même, sans contrôle et sans gouvernail.
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Alors que les discours, souvent creux, vont dans le sens de la rationalisation des dépenses publiques, de la lutte contre la prévarication et la corruption sous toutes ses formes ainsi que ses grands symboles, les Boukadoum se sont illustrés par des pratiques pour le moins féodales.
Exemple: c’est le même ministère des Affaires étrangères algérien qui a décrété, au nom de la lutte contre la gabegie, une réduction de personnel dans un nombre important de représentations consulaires. Parmi les chancelleries concernées, le consulat algérien à New York. De 19 membres, l’effectif de ce consulat devait ainsi être ramené à 16.
C’était sans compter avec la force de persuasion de Mme la Consule et épouse de M. le ministre. Au nom de l’importance de cette représentation, Sabria Boukadoum, qui mesure la valeur de son poste au nombre des personnes qui travaillent pour elle, s’est opposée mordicus à la réduction des effectifs au sein du consulat général d’Algérie à New York.
Et elle n’a pas eu beaucoup de peine pour maintenir le statu quo dans son consulat. Il a suffi que Sabria se plaigne à Sabri pour que la décision d’un ministère soit définitivement annulée.
Compte tenu de l’état de déliquescence des institutions algériennes, les Boukadoum ont encore quelques jours pour vivre heureux et profiter de la large rente que leur offre (encore) le système maintenu par le chef de l’armée Ahmed Gaïd Salah.
Mais il y a lieu de s’inquiéter par rapport au sort d’un pays où les plus grandes décisions échappent à tout contrôle, où il n’y a quasiment plus d’Etat pour juguler, réguler et sanctionner. Un Etat réduit à servir les seuls desseins de Gaïd Salah, fermé aux revendications de la rue et qui se sert de tous les appareils en sa disposition, y compris de la justice, à la seule fin de casser ses détracteurs et ses opposants ou de les jeter en prison.
Sabri et Sabria, qui ont de nombreux clones en Algérie, se chargent de détruite le peu qui reste.