Du jamais vu depuis 1945: comme beaucoup d'autres puissances, le Royaume-Uni, qui accuse plus de 30.000 morts, voit son économie se contracter dans des proportions inouïes, avec une récession de 14% prévue cette année par la Banque d'Angleterre.
En France, près d'un demi-million d'emplois ont été détruits dans le secteur privé et l'activité reste en retrait d'un tiers par rapport à la normale. Le Premier ministre, Edouard Philippe, doit préciser jeudi les modalités du déconfinement envisagé à partir du 11 mai dans la deuxième économie de l'Union européenne.
Celui-ci se déroulera de manière "progressive" et "différenciée", a-t-il prévenu. Le dirigeant doit notamment préciser les conditions de réouverture des écoles, très controversée dans ce pays où la pandémie a fait près de 26.000 morts.
Aux Etats-Unis, pays le plus touché avec plus de 73.000 morts, plus de 3,1 millions de nouveaux chômeurs ont été dénombrés en une semaine, portant le total à 33,5 millions depuis le début de cette pandémie partie de Chine fin 2019.
"C'est pire que Pearl Harbor", a estimé mercredi soir le président Donald Trump en évoquant l'attaque surprise japonaise de 1941 qui avait poussé les Etats-Unis à entrer dans la Seconde Guerre mondiale.
"C'est pire que le World Trade Center", a-t-il ajouté, en référence aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont fait près de 3.000 morts.
Il a également renouvelé ses critiques contre la Chine, estimant que la pandémie "n'aurait jamais dû arriver". Pékin a balayé des propos "mensongers".
Au Royaume-Uni, le confinement doit être prolongé jeudi mais le premier ministre Boris Johnson, lui même rescapé du Covid-19, doit annoncer dimanche l'assouplissement de certaines restrictions.
Toutefois, "les effets les plus dévastateurs et déstabilisateurs se feront sentir dans les pays les plus pauvres", a rappelé jeudi l'ONU, qui veut lever 4,7 milliards de dollars pour "protéger des millions de vies".
"Si nous n'agissons pas maintenant, nous devons nous préparer à une augmentation significative des conflits, de la faim et de la pauvreté. Le spectre de multiples famines se profile", a mis en garde un haut responsable, Mark Lowcock.
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Au Brésil, où le coronavirus a tué plus de 8.000 personnes, la mortalité est particulièrement élevée chez les plus défavorisés, notamment dans la population noire. "La pandémie ne fait que creuser les inégalités historiques héritées de l'esclavage", estime Emanuelle Goes, de l'institut Fiocruz de Rio de Janeiro.
Au Royaume-Uni, les hommes et femmes noirs sont au moins quatre fois plus susceptibles de mourir du virus que leurs compatriotes blancs d'une même tranche d'âge, selon une étude officielle.
Et aux Etats-Unis, l'absence de couverture santé et la peur de l'arrestation dissuadent de nombreux sans-papiers de se faire soigner. Les gens "ont peur d'aller à l'hôpital à cause des mesures antimigratoires", confie Francisco Moya, élu du quartier du Queens à New York.
En Australie, le stress et les difficultés financières générées par la pandémie pourraient acculer des milliers de personnes au suicide, soit un nombre largement supérieur aux victimes de la maladie elle-même, selon l'université de Sydney.
Autre corollaire du confinement: les signalements de violences conjugales ont augmenté de jusqu'à 60% en Europe, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dans ce continent, le plus atteint avec plus de 150.000 morts, le déconfinement s'accélère dans plusieurs pays.
Notamment en Allemagne: fort de chiffres d'infection "très satisfaisants", Berlin a décidé mercredi de lever la quasi-totalité des restrictions imposées depuis la mi-mars.
Exceptions notables: la fermeture des frontières et l'interdiction des grandes manifestations sportives, festives ou culturelles avec du public.
Mais la Bundesliga, interrompue il y a deux mois alors que le coronavirus mettait le sport international au repos forcé, reprendra dès la mi-mai à huis-clos.
Si la France a tiré un trait sur la fin de sa saison, l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie espèrent reprendre en juin.
La Belgique rouvira lundi des commerces non essentiels. A l'inverse, la ville de Moscou a annoncé jeudi obligatoire le port du masque dans les transports, alors que la Russie, longtemps épargnée, connaît une forte hausse du nombre de cas détectés.
Très durement touchée et elle aussi engagée dans un prudent déconfinement, l'Italie (près de 30.000 morts) va tester sérologiquement 150.000 habitants de la région de Rome pour avoir une estimation plus précise du nombre de personnes qui ont été contaminées.
"Être positif au test rapide ne veut pas dire pour autant qu'on est protégé", prévient toutefois le professeur Sergio Bernardini, un des responsables de cette campagne.
En Espagne, où la pandémie a fait plus de 25.000 morts, la vie reprend peu à peu mais la plus grande vigilance reste de mise pour les professionnels de santé.
"Tu ne peux te fier à rien car maintenant tout le monde est suspect. On doit se protéger, ne rien toucher, bien se laver, et cela nous maintient dans une tension constante", explique Jordi Rodriguez, ambulancier en Catalogne.
Un déconfinement "précipité" de l'Espagne serait une "erreur absolue, totale et impardonnable", a mis en garde le Premier ministre Pedro Sanchez.
Pour le pape cubain du polar, Leonardo Padura, la pandémie doit "enseigner un petit peu plus de modestie" à l'homme. "L'être humain a été le vainqueur dans la lutte biologique, historique, naturelle sur la planète. Et pourtant, apparaît une bestiole microscopique qui est capable de nous battre..."