Les mesures drastiques se multiplient dans le monde pour combattre la propagation du nouveau coronavirus, le Japon décidant de fermer ses écoles et l'Arabie saoudite d'arrêter d'accueillir les pèlerins à La Mecque, alors que l'épidémie s'étend désormais bien au-delà de la Chine.
Si la Chine était jusqu'à peu l'unique foyer mondial de coronavirus, le risque s'est démultiplié avec l'émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l'Iran et l'Italie.
Vendredi, la Corée du Sud a fait état de plus de 250 contaminations supplémentaires, portant le total à plus de 2.000 (dont 13 morts). La Chine a publié un bilan de 327 nouveaux cas, le nombre le plus faible dans le pays depuis le 24 janvier, et de 44 morts. Au total, 78.824 cas ont été recensés en Chine continentale depuis le début de l'épidémie.
Jeudi, l'Iran avait annoncé 106 contaminations supplémentaires, portant le total à 245, dont 26 morts. En Europe, l'Italie avait vu passer le nombre de cas à 650, contre 400 la veille, dont 17 morts.
Ailleurs dans le monde, chaque jour est rythmé par les annonces de premier cas. Dernier pays en date, les Pays-Bas ont annoncé le cas d'un patient qui s'était rendu en Italie.
La lutte contre l'épidémie "ne pourra se régler qu'en parfaite coopération européenne et internationale", a souligné, aux côtés du Premier ministre italien Giuseppe Conte à Naples, le président français Emmanuel Macron dont le pays a vu jeudi le nombre de ses cas de contamination au coronavirus passer de 18 à 38, dont deux morts.
"Nous sommes à un moment décisif", a assuré de son côté le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant qu'au cours des deux derniers jours, le nombre quotidien de nouvelles personnes contaminées dans le monde avait été supérieur à celui enregistré en Chine, où le virus est apparu en décembre.
"Si vous agissez maintenant de manière agressive, vous pouvez endiguer ce coronavirus", a-t-il affirmé.
Près de 79.000 personnes ont jusqu'ici été contaminées en Chine, dont 2.788 mortellement. Le coronavirus touche également une cinquantaine d'autres pays, avec un bilan de plus de 4.000 contaminations et plus de 60 morts.
Lire aussi : Vidéo. Coronavirus au Maroc: le ministère de la santé fait le point
Par mesure de prévention, l'Arabie saoudite a suspendu "temporairement" l'entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque.
La mesure concerne l'Oumra, un pèlerinage qui attire chaque mois plusieurs dizaines de milliers de musulmans. Il peut être réalisé à n'importe quelle période de l'année, à la différence du Hajj, effectué à des dates précises du calendrier islamique.
Autre décision radicale, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a demandé la fermeture temporaire des écoles publiques du pays à partir de lundi.
Relativement épargnés jusqu'ici, les Etats-Unis sont prêts à répondre à l'épidémie à "une échelle beaucoup plus grande", a assuré mercredi le président américain Donald Trump.
Les autorités californiennes ont annoncé jeudi qu'elles suivaient quelque 8.400 personnes pour s'assurer qu'elles n'étaient pas porteuses du nouveau coronavirus, tout en cherchant l'origine de la contamination d'une personne qui a contracté la maladie sans voyager dans une zone à risque.
Autre foyer, l'Iran a rapporté jeudi sept nouveaux morts, portant le total à 26. Hors de Chine, c'est le plus lourd bilan en termes de décès.
Comme l'Arabie saoudite, la Chine, qui a pris des mesures de prévention drastiques sur son sol en confinant plus de 50 millions de personnes au Hubei (centre), s'inquiète désormais de cas "importés" d'autres pays.
Lire aussi : Vidéo. Masques de protection contre le coronavirus: les pharmacies dévalisées
La ville de Pékin a annoncé mercredi que les personnes arrivant en provenance d'Etats "gravement touchés" par le coronavirus devraient désormais se placer en quarantaine pendant 14 jours.
Certains pays inspirent l'inquiétude. Notamment l'Italie, qui apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19.
Le virus est ainsi arrivé au Brésil, alors que l'Amérique du Sud était épargnée jusqu'ici, en y entrant via un Brésilien de retour d'Italie. La Grèce, l'Espagne, le Royaume-Uni, la Croatie, l'Autriche, le Danemark, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas ont toutes fait état d'au moins une personne contaminée après un séjour dans la péninsule.
L'Afrique n'est plus exempte de cas, même si leur nombre reste étrangement bas. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte.
De nombreux Etats européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées.
Rome a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays.
"Le problème, c'est l'économie. On voit les chiffres, cette crise est en train de mettre le pays à genoux", s'inquiète Daniele Vaccari, pâtissier à Secugnago, un village du Nord.
Ailleurs en Europe, de nombreux pays comme la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés. L'Estonie a annoncé jeudi un premier cas, un Iranien résidant dans le pays balte.
"On a devant nous une épidémie" qu'il va falloir "affronter au mieux", a déclaré jeudi le président Macron, au lendemain de l'annonce d'un premier mort français, un homme qui n'avait pas voyagé dans une zone à risque.
Dans un contexte d'inquiétude croissante en Europe, les principales Bourses du continent ont fini en forte baisse: de Paris (-3,32%) à Londres (-3,50%), de Francfort (-3,19%) à Madrid (-3,55%) ou encore Amsterdam (-3,75%). L'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones, a accéléré ses pertes en toute fin de séance pour s'effondrer de plus de 1.000 points, ou 4,4%. Il a plongé de plus de 11% depuis le début de la semaine. Et la Bourse de Tokyo a ouvert vendredi en baisse de plus de 3%.