Corée du Sud: le président Yoon face à une nouvelle motion de destitution

Des milliers de personnes participent à une manifestation appelant à la destitution du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, devant l'Assemblée nationale à Séoul, le 14 décembre 2024. AFP or licensors

Le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, fait face samedi pour la deuxième fois à une motion de destitution devant les députés pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale et de faire museler le Parlement par l’armée le 3 décembre.

Le 14/12/2024 à 07h30

Des milliers de manifestants ont commencé à se rassembler à Séoul, capitale sud-coréenne, avant le vote par les députés d’une motion de destitution ciblant le président Yoon Suk Yeol, parallèlement visé par une enquête pour «rébellion» et qui a interdiction de quitter le pays. La police a dit attendre au moins 200.000 participants.

Devant l’Assemblée nationale, par un froid glacial, des bénévoles distribuent des patchs chauffants, du café et de la nourriture. Une manifestante a annoncé avoir loué un autobus et le mettre à la disposition des parents souhaitant changer les couches et donner à manger à leurs bébés pendant le rassemblement.

«Si Yoon n’est pas destitué aujourd’hui, je reviendrai la semaine prochaine», dit à l’AFP Yoo Hee-jin, 24 ans, qui se déclare «furieuse» contre le président. «Je continuerai à venir chaque semaine jusqu’à ce que cela se produise», jure-t-elle.

La chanteuse de K-pop Yuri, du groupe Girl’s Generation, dont la chanson «Into the New World» est devenue un hymne de protestation, a annoncé avoir payé à l’avance des repas pour les manifestants. «Restez en sécurité et prenez soin de votre santé», a-t-elle écrit sur une plateforme de discussion.

Un député à convaincre

Le 7 décembre, une première motion de destitution avait échoué, la plupart des députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk Yeol ayant quitté l’hémicycle avant le vote pour empêcher le quorum d’être atteint.

Pour être adoptée, la motion doit recueillir au moins 200 voix sur 300. L’opposition, menée par le Parti démocrate, compte 192 sièges, et le PPP 108. Les adversaires du président doivent donc faire basculer au moins huit députés du PPP dans leur camp pour obtenir sa chute. Jusqu’à présent, sept ont dit qu’ils voteraient pour la destitution et, selon les médias locaux, de nombreux autres n’ont pas encore pris leur décision à quelques heures du vote.

Si la motion passe, Yoon Suk Yeol sera suspendu en attendant que la Cour constitutionnelle valide sa destitution. L’intérim sera assuré par le Premier ministre Han Duck-soo. La Cour aura 180 jours pour se prononcer. Seuls six de ses neuf juges étant en fonctions -trois autres ont pris leur retraite en octobre et n’ont pas encore été remplacés- il leur faudra se prononcer à l’unanimité.

Si la Cour confirme la destitution, M. Yoon, 63 ans, deviendra le deuxième président de l’histoire de la Corée du Sud à subir ce sort, après Park Geun-hye en 2017. Mais il existe aussi un précédent de destitution votée par le Parlement puis invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle: celle de Roh Moo-hyun en 2004.

Mandats d’arrêt

En parallèle, le filet policier se resserre sur le président et ses collaborateurs. Vendredi, le parquet a annoncé l’arrestation du chef du commandement militaire de Séoul, et un tribunal de Séoul a lancé des mandats d’arrêt contre les chefs de la police nationale et de la police de la capitale, citant un «risque de destruction de preuves».

L’ancien ministre de la Défense Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président à imposer la loi martiale, avait été le premier a être arrêté le 8 décembre. Il avait tenté deux jours plus tard de se suicider en détention.

Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud dans la nuit du 3 au 4 décembre en instaurant la loi martiale et en envoyant les forces spéciales de l’armée au Parlement pour essayer d’empêcher les députés de se réunir. Mais 190 élus avaient tout de même réussi à entrer dans le bâtiment et ont voté à l’unanimité une motion exigeant la levée de la loi martiale.

Le président avait finalement obtempéré, abrogé la loi martiale proclamée seulement six heures plus tôt et renvoyé les soldats dans leurs casernes.

Par Le360 (avec AFP)
Le 14/12/2024 à 07h30