Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol revient ce jeudi 13 février devant la Cour constitutionnelle, pour assister à ce qui pourrait être la dernière audience de son procès en destitution après sa tentative ratée d’imposer la loi martiale en décembre. En détention provisoire depuis un mois, il s’est montré combatif tout au long de son procès, rejetant la responsabilité de la crise politique actuelle sur l’opposition de gauche.
Une fois les audiences terminées, les huit juges de la Cour constitutionnelle commenceront à délibérer à huis clos. Ils ont jusqu’au 10 juin pour confirmer ou infirmer la motion en destitution contre le président adoptée le 14 décembre par l’Assemblée nationale. Mais les observateurs s’attendent à un verdict beaucoup plus rapide.
Premier chef d’État en exercice à être arrêté et incarcéré en Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, 64 ans, reste officiellement le président du pays et n’est que suspendu en attendant la décision de la Cour. Parallèlement à cette procédure devant la Cour constitutionnelle, le président est visé par plusieurs enquêtes pénales, dont une pour «insurrection», un crime passible de la peine de mort.
Vers un verdict rapide?
Jeudi, le fourgon transportant Yoon Suk Yeol depuis sa prison est arrivé à la Cour constitutionnelle vers 09H00 (00H00 GMT). Au programme de l’audience: les témoignages de l’ancien chef des services de renseignement sud-coréens et de l’un des chefs du Commandement militaire de Séoul, dont les hommes avaient tenté de prendre d’assaut le Parlement le 3 décembre.
Si l’on se fie aux précédents, la Cour devrait rendre son arrêt après une à deux semaines de délibérations. Ses décisions sur des motions en destitution contre les présidents Park Geun-hye en 2017 et Roh Moo-hyun en 2004 avaient été annoncées respectivement au bout de 11 et 14 jours.
Le temps presse pour la Cour constitutionnelle, qui doit rendre sa décision à la majorité des deux tiers. Or, un de ses neuf sièges est actuellement vacant, et deux autres juges doivent partir à la retraite mi-avril. La nomination de leurs remplaçants étant du ressort du président, l’affaire tournerait au casse-tête juridique si le procès de M. Yoon devait s’achever après leur départ.
La majeure partie du procès en destitution s’est penchée sur la question de savoir s’il a violé la Constitution en déclarant la loi martiale. Le président avait justifié son coup de force par le fait que le Parlement, dominé par l’opposition, bloquait l’adoption du budget de l’État. Dans une allocution télévisée surprise, il avait dit vouloir «protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’État».
«De nombreux juristes et experts s’accordent à dire qu’un verdict unanime en faveur de la destitution sera rendu par les juges de la Cour constitutionnelle», a déclaré à l’AFP Kim Hyun- jung, chercheur à l’Institut de droit de l’Université de Corée.
Si la Cour confirme la destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, M. Yoon sera réinstallé dans ses fonctions, tout en restant sous le coup de poursuites pénales.
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