La Corée du Nord a annoncé ce lundi avoir réussi à tirer un nouveau type de missile balistique. Ce tir, le premier d’un missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (IRBM) à combustible solide par Pyongyang, a été détecté par l’armée sud-coréenne dimanche après- midi.
Ce missile à combustible solide était «chargé d’une ogive hypersonique et manœuvrable», selon l’agence de presse d’État nord-coréenne KCNA. L’essai était destiné à «vérifier les capacités de vol plané et de maniabilité» ainsi que «la fiabilité du nouveau moteur à combustible solide à poussée élevée et à étages multiples nouvellement développés», a expliqué KCNA.
Ce tir intervient sur fond d’inquiétudes autour d’un durcissement de la position de Pyongyang. La semaine dernière, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a décrit la Corée du Sud comme le «principal ennemi» du pays qu’il n’hésiterait pas à «anéantir».
«Une provocation claire»
Le ministère sud-coréen de la Défense a condamné ce lancement et affirmé qu’il entraînera une «réponse écrasante» en cas de «provocation directe» de Pyongyang. «Ce comportement de la Corée du Nord est une provocation claire qui viole les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisant l’utilisation de la technologie des missiles balistiques, nous lançons une mise en garde sévère et demandons instamment à la Corée du Nord d’arrêter immédiatement», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Les missiles à combustible solide sont plus faciles à dissimuler et plus rapides à lancer tandis que les missiles hypersoniques peuvent en général être manoeuvrés en vol, afin de mieux atteindre les cibles. Ces deux technologies figurent depuis longtemps sur la liste des technologies d’armement que souhaite posséder M. Kim.
«La Corée du Nord semble poursuivre simultanément le développement de missiles hypersoniques et de missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) utilisant des propulseurs à carburant solide», a affirmé Chang Young-keun, expert en missiles à l’Institut coréen de recherche sur la stratégie nationale.
«Les missiles hypersoniques de moyenne ou longue portée seront particulièrement utiles pour frapper Guam tout en échappant au système de défense antimissile américain», a-t-il ajouté, en référence à l’île du Pacifique où les États-Unis abritent une importante base militaire.
«Situation de crise persistante et incontrôlable»
Les relations entre les deux Corées sont actuellement au plus bas depuis des décennies. Fin décembre, Kim Jong Un a ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une «guerre» pouvant «être déclenchée à tout moment». Il a dénoncé une «situation de crise persistante et incontrôlable», selon lui déclenchée par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région.
Pyongyang a réussi l’année dernière à mettre en orbite un satellite espion, après avoir reçu, selon la Corée du Sud, une aide technologique russe, en échange de livraisons d’armes pour la guerre que mène Moscou en Ukraine.
La Russie et la Corée du Nord, alliés de longue date, affichent un rapprochement depuis le déplacement du dirigeant nord-coréen en septembre 2023 pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine. KCNA a indiqué que le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Choe Son Hui se rendrait en Russie cette semaine, à l’invitation de son homologue russe Sergueï Lavrov.