COP16: adoption in extremis d’un plan pour financer la sauvegarde de la nature

Des délégués participent à la conférence sur la biodiversité COP16 au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à Rome, le 25 février 2025.

Quatre mois après un échec retentissant en Colombie, les pays du monde ont arraché jeudi à Rome un compromis délicat sur le financement de la sauvegarde de la nature, évitant de justesse un nouveau fiasco pour le multilatéralisme environnemental.

Le 28/02/2025 à 08h35

Au troisième et dernier jour des prolongations de la COP16 des Nations unies sur la biodiversité, les pays riches et les pays en développement se sont résignés à des compromis mutuels pour adopter un plan de travail sur 5 ans, censé débloquer les milliards nécessaires pour stopper la destruction de la nature et mieux distribuer l’argent aux pays en développement.

De longs applaudissements des délégués des quelque 150 pays ont accueilli le coup de marteau de Susana Muhamad, la ministre colombienne de l’Environnement qui présidait cette 16ème conférence de la Convention sur la diversité biologique (CBD).

«Nos efforts montrent que le multilatéralisme peut être porteur d’espoir dans une période d’incertitude géopolitique qui leur est attachée», a déclaré le ministre canadien de l’Environnement Steven Guilbeault devant les délégués réunis au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Dans la foulée, les pays ont aussi adopté des règles et des indicateurs fiables censés mesurer et vérifier les efforts de l’humanité pour sauver la nature, d’ici la COP17, en 2026 en Arménie.

«J’annonce que nous avons donné des bras, des jambes et des muscles» à la feuille de route de Kunming-Montréal, par laquelle les pays se sont engagés en 2022 à réaliser 23 objectifs pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030. Le plus emblématique de ces objectifs vise à placer 30% des terres et mers dans des aires protégées (contre respectivement 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).

Un budget de 200 milliards de dollars

Pour financer cette stratégie, les pays doivent porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses de protection de la nature, dont 30 milliards doivent être apportés par les nations développées aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).

L’accord arraché à Rome renvoie à 2028, lors de la COP18, le soin de décider s’il faut créer un nouveau fonds dédié et placé sous l’autorité de la CBD, comme le réclament avec force les pays africains. Ou si les instruments existants, comme le Fonds mondial pour l’Environnement, peuvent être réformés pour être plus accessible et équitable pour les pays en développement.

Les pays riches -menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada- sont hostiles à la multiplication des fonds, craignant une fragmentation de l’aide au développement. Ils réclament aussi un élargissement de la liste des pays tenus de fournir de l’aide au développement, afin d’intégrer les puissances émergentes comme la Chine. La question sera examinée par le plan quinquennal adopté à Rome.

Par Le360 (avec AFP)
Le 28/02/2025 à 08h35

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