Rassurer les marchés en annonçant des réformes, telle est l’attente autour du Troisième Plénum, un rendez-vous clé organisé à huis clos de lundi à jeudi par le Parti communiste chinois (PCC). La tâche s’annonce ardue, alors que le géant asiatique a vu sa croissance économique ralentir au deuxième trimestre à 4,7% sur un an, selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS) peu avant l’ouverture de la réunion.
Ce rythme, qui est en deçà des attentes d’analystes et de celui du premier trimestre (5,3%), est également le plus faible depuis début 2023. «Les bases d’une reprise et d’une croissance économiques saines doivent être consolidées», a admis le BNS.
Les ventes de détail, principal reflet de la consommation des ménages, sont elles aussi décevantes à +2% sur un an en juin, soit leur rythme le plus faible depuis décembre 2022, tandis que la production industrielle marque également le pas, à +5,3% en juin, contre +5,6% un mois plus tôt.
Un rendez-vous clé
Depuis la fin de la pandémie du Covid-19, la deuxième économie mondiale peine à relancer une activité lestée par une crise dans l’immobilier, une consommation en berne et un chômage élevé. Les nuages s’amoncellent sur les exportations avec la multiplication des barrières commerciales par l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis.
Le Troisième Plénum, rendez-vous clé autour du président Xi Jinping, doit définir les grandes orientations économiques du pays pour les cinq prochaines années. Dans le passé, il a régulièrement donné lieu à des changements importants de politique économique. «Il s’agit d’une réunion portant sur la politique (...) et non la résolution de problèmes économiques spécifiques», nuance toutefois l’économiste Larry Hu, de la banque Macquarie.
Nombre d’analystes économiques s’attendent néanmoins à des mesures de soutien à l’activité. Certains tablent sur des «ajustements» pour développer le secteur des hautes technologies ou sur l’annonce de «mesures pour le secteur immobilier». «La réforme ne consiste pas à changer de direction», a d’ailleurs souligné la semaine dernière le Quotidien du Peuple, journal officiel du PCC.
Sur l’année, le gouvernement vise «environ 5%» de croissance, un taux enviable dans nombre de pays, mais qui reste pour la Chine bien loin des taux à deux chiffres qu’elle a connus ces dernières décennies.
Les autorités souhaitent depuis plusieurs années baser la croissance sur l’innovation, les hautes technologies et la consommation intérieure, et non plus sur les grands investissements étatiques dans les infrastructures. Mais la conjoncture incertaine grippe les dépenses des ménages.
Effet limité
L’activité reste pénalisée par le surendettement dans le secteur immobilier, un traditionnel pilier de croissance où de nombreux promoteurs sont financièrement aux abois. Les mesures de soutien de Pékin au secteur n’ont eu jusqu’à présent qu’un effet limité.
Nombre d’analystes plaident ainsi pour des mesures énergiques, arguant que l’économie n’a toujours pas rebondi un an et demi après la levée des restrictions sanitaires anti-Covid strictes. «De nouvelles mesures de soutien sont nécessaires», estime lundi dans une note la banque d’affaires Goldman Sachs.