Charles III à Ottawa pour un discours historique sur fond de tensions canado-américaines

Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse, à la résidence officielle du gouverneur général du Canada, Rideau Hall, à Ottawa, le 27 mai 2025. Le roi Charles III de Grande-Bretagne se rend au Canada pour une visite brève mais marquante, au moment où le président Donald Trump évoque l'idée de faire de son voisin du nord le 51e État américain. Le monarque de 76 ans, qui est également chef d'État du Canada au sein du Commonwealth, n'a jamais commenté publiquement les ambitions du président américain, grand admirateur de la famille royale. (Photo de Victoria JONES / POOL / AFP)

Temps fort d’une visite hautement symbolique, le roi Charles III prononcera aujourd’hui au Canada le discours du trône pour la réouverture du parlement, au moment où le pays dont il est le chef d’Etat vit une crise sans précédent en raison des menaces de Donald Trump.

Le 27/05/2025 à 09h05

Le nouveau Premier ministre Mark Carney veut faire de cette visite, vue comme un «honneur historique, à la mesure des enjeux de notre temps», une démonstration de souveraineté face au voisin du sud.

C’est à son invitation que le souverain a fait exceptionnellement ce déplacement pour cette allocution qui est en principe prononcée par le représentant de la couronne britannique au Canada, le gouverneur général.

Si le roi Charles III prononce le discours comme s’il s’agit de ses propres mots, le texte a, en réalité, été rédigé par le cabinet du Premier ministre canadien puisqu’il vise à détailler le programme du nouveau gouvernement de centre-gauche.

Cette équipe dirigée par le libéral Mark Carney, un technocrate sans expérience politique, est en place depuis les élections législatives du 28 avril après une campagne entièrement centrée sur Donald Trump et comment faire face à ses menaces.

Le discours du trône d’aujourd’hui devrait donc donner des pistes sur les grands projets de M. Carney, qui a juré de lancer la plus grande transformation de l’économie canadienne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour construire un pays «fort».

Dans un langage diplomatique prudent, il devrait également contenir une réaffirmation de la souveraineté du Canada.

Le Canada n’est pas seul

«En terme de symbolisme, c’est extraordinaire car c’est seulement la troisième fois que le souverain lit ce discours», explique Félix Mathieu, politologue et professeur à l’Université du Québec en Outaouais.

En effet, Elizabeth II, la mère du roi Charles, n’est venue prononcer que deux fois le discours du trône lors de son long règne, en 1957 et la dernière fois en 1977. «Ce qui va être intéressant c’est aussi tout ce qui va entourer le discours du trône» ajoute-t-il, parlant d’un «message à Donald Trump» pour lui montrer que le «Canada n’est pas seul dans ce combat».

Pour de nombreux Canadiens, ce voyage royal revêt une symbolique forte en effet. Et ils étaient nombreux lundi à se presser dans la capitale pour saluer le monarque pour son premier jour de visite.

Pour Shrikant Mogulala, c’est directement un «message aux États-Unis et à Donald Trump». Et pour ce trentenaire, «le message est clair: nous ne sommes pas à vendre». «C’est formidable pour le Canada qu’il soit ici, compte tenu des circonstances géopolitiques et de la situation actuelle de notre pays», renchérit auprès de l’AFP Dave Shaw, retraité de 60 ans.

Charles et Camilla se sont rendus lundi sur un marché de producteurs, ont assisté à un spectacle de danse autochtone et au début d’un match de hockey de rue. Aujourd’hui, le couple se rendra à l’ancienne gare qui abrite la chambre temporaire du Sénat dans une voiture de cérémonie tirée par des chevaux de la Gendarmerie royale du Canada.

Le couple sera accueilli par une garde d’honneur d’une centaine de personnes et par une fanfare militaire. Une salve de 21 coups de canon sera tirée au moment où le drapeau canadien sur le bâtiment sera remplacé par une bannière indiquant la présence du roi.

Par Le360 (avec AFP)
Le 27/05/2025 à 09h05